Gestion agroécologique / écologiquement intensive des bioagresseurs en horticulture tropicale

Intégration riziculture-élevage de canards

L'introduction de canards dans les rizières était une pratique ancestrale en Chine qui a été remise à l'honneur au Japon par Furuno (2001) et étendue depuis à d'autres pays, y compris en France en Camargue. Dans ce type de riziculture, les producteurs sont confrontés aux pertes occasionnées par les bio-agresseurs ou bio-concurrents, comme les mauvaises herbes (adventices), les insectes ravageurs et les pathogènes/maladies des plantes.

Ces pertes vont compromettre la sécurité alimentaire des producteurs familiaux et de leurs familles, ou entraîner une baisse de revenus pour les productions liées aux marchés.

L'introduction de canards a pour objectif de contrôler les adventices, mais elle a aussi un effet positif en termes de réduction d'attaques de ravageurs, mais aussi de pathogènes. Se faisant, elle résout un autre type de risque, celui lié à l'application de pesticides. En Asie, ceux-ci avaient été massivement utilisés à très mauvais escient pour lutter contre certains ravageurs du riz (foreurs), ils ont entraîné une extermination des ennemis naturels et l'émergence de ravageurs jusqu'alors secondaires, en particulier la cicadelle brune, ce qui a entraîné un cercle vicieux de traitements chimiques. L'introduction de canards est un moyen de briser ce cercle vicieux, d'autant que leur introduction est exclusive de l'utilisation de pesticides, ceux-ci étant un facteur important de mortalité des canes domestiques.

Les canetons sont introduits après le repiquage du riz, ou à un stade de développement suffisant de ce dernier si celui-ci est semé directement, de façon à ce qu'ils ne l'endommagent pas. En passant entre les rangs de riz, les canards stimulent même sa croissance. Leur piétinement ajouté à leurs déjections, améliore la fertilité de la rizière.

Ces derniers détruisent les adventices, soit en les consommant, soit en les piétinant, y compris la panisse, Echinocloa crus-galli, et également des insectes ravageurs à l'origine de pullulations dévastatrices, comme la cicadelle brune (brown planthopper) Nilaparvata lugens, et des sclérotes de Rhizoctonia solani, pathogène responsable du flétrissement de la gaine du riz, dont l'incidence est ainsi significativement réduite. Tout cela se traduit par une augmentation du rendement en riz, avec en plus, la production de viande de canard.

Remarque

Les réserves ou inconvénients sont que l'introduction de canards dans les rizières est exclusive de l'utilisation de pesticides, ceux-ci étant un facteur important de mortalité des canes domestiques, mais surtout le fait que l'association rizière/ canards est un facteur de risque pour l'apparition de foyers de grippe aviaire H5N1. En effet, ce sont des milieux où les oiseaux sauvages (notamment migrateurs) viennent aussi se nourrir et peuvent transmettre des souches de virus influenza aux canards.

Exemple

Takao Furuno (Japan Rice-Duck Farming Society, Japan) in Montpellier - First international conference on organic rice production
Témoignage de Bernard Poujol, riziculteur en Camargue, sur sa pratique de la riziculture biologique avec l'aide des canards
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