Introduction
Face à la multiplication des échanges commerciaux de plantes, le risque d'invasions biologiques et d'émergence de nouvelles maladies liées à des introductions accidentelles d'organismes nuisibles est de plus en plus important. De nombreux autres facteurs augmentent ces risques phytosanitaires et favorisent l'installation des organismes introduits comme l'intensification de l'agriculture, l'anthropisation croissante des milieux naturels qui augmente les possibilités d'échanges entre les compartiments sauvage et cultivé, ainsi que les changements climatiques qui peuvent modifier les aires de répartition des espèces.
Afin de quantifier ces risques et de prendre les mesures de surveillance et de gestion nécessaires, une analyse de risque phytosanitaire (ARP) peut être réalisée pour une filière d'importation donnée (type de plante échangée et origine géographique) et/ou pour un organisme nuisible donné. En effet, l'ARP est un processus permettant d'évaluer si l'introduction d'un organisme, reconnu comme nuisible dans certains pays, peut présenter un danger pour l'environnement et/ou l'agriculture d'un pays où il encore absent ou peu étendu. Si l'organisme est reconnu potentiellement dangereux, il est intégré à la législation phytosanitaire et est qualifié d'organisme de quarantaine. L'ARP permet alors de définir la pertinence et les modalités optimales de mise en place de mesures phytosanitaires visant à limiter le risque constaté. Ces mesures sont variées et passent par l'interdiction et/ou le contrôle de certaines importations, la mise en œuvre de dispositifs de surveillance et la mise au point de stratégies de gestion (incluant parfois l'éradication) si l'introduction n'a pu être évitée. L'ARP fait donc appel à un large ensemble de connaissances scientifiques relatives à la biologie des organismes et à l'épidémiologie des maladies.
Ce grain pédagogique a pour objectif de présenter comment est réalisée concrètement une analyse de risque et quelles sont les connaissances, méthodologies et outils mobilisés pour analyser et gérer les risques phytosanitaires. Nous nous appuierons sur une analyse de cas pour illustrer la démarche suivie dans le cas d'une grave virose des arbres fruitiers à noyau.
