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Une sortie de crise entre les mains des producteurs laitiers ?

En avril, le prix du lait dans l’UE a chuté de 11,5% par rapport à l’année dernière, il est d’après l’observatoire du prix du lait de 27,62 cents/kg (et 27,48 cents/kg en France pour une baisse de 8,1% par rapport à l’an dernier) (les données de l’observatoire du prix du lait).

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Pourquoi cette chute du prix du lait ?

La fin des quotas laitiers est la principale responsable. Avant 2015 et cela depuis les années 80, la production laitière européenne était maitrisée par des quotas. Chaque Etat-membre et chaque producteur avait donc des limites de production. Suite à la disparition des quotas, la production de lait a largement augmenté (+ 330 000 tonnes aux Pays-Bas, + 300 000 tonnes en Allemagne, + 140 000 tonnes en Pologne et + 110 000 tonnes en Irlande), conséquence directe de cette augmentation, le prix du lait a chuté. Associée à cette augmentation de la production, la demande mondiale en lait stagne voire même diminue (notamment en raison de l’embargo russe sur les produits alimentaires de l’UE qui est toujours d’actualité).

Comment réagir : que fait la Commission européenne face à cette  crise ?

Depuis 2012, le paquet lait a été mis en place pour tenter de limiter les conséquences de la fin des quotas laitiers et un observatoire du prix du lait européen a été crée. Cependant, ces outils ne semblent actuellement pas suffisants : les producteurs de lait sont dans des situations catastrophiques et produisent à perte (voir le reportage d’Envoyé spécial « Eleveurs, ils produisent pour du beurre »)

Depuis mars 2016, la Commission européenne (CE) a augmenté les plafonds d’intervention pour le lait écrémé en poudre et le beurre, a appliqué l’article 222 de l’OCM (Organisation Commune de marché), pour autoriser des accords volontaires sur la production et l’offre d’organisations de producteurs, de leurs associations ou d’organisations interprofessionnelles (retraits, stockage, promotion,…). Elle a également mis en place un groupe de travail pour renforcer le rôle du producteur laitier dans la chaîne d’approvisionnement. Même si le Commissaire européen est conscient qu’il faut intervenir sur la quantité produite, pour lui, tous les outils disponibles dans la PAC ont été utilisés et il met largement en avant l’article 222, espérant que ce dernier puisse rééquilibrer le marché par la planification conjointe de la production (écouter son discours au Parlement européen).

Ce 26 mai, le Parlement européen a organisé une séance plénière en présence du commissaire européen à l’agriculture. Les députés ont demandé à la CE et au Conseil des ministres de mettre en place des outils pour :

  • intervenir de façon plus efficace sur les marchés,
  • limiter la production de lait à l’échelle européenne et ainsi faire réaugmenter le prix du lait,
  • d’équilibrer le poids des producteurs de lait dans la chaine d’approvisionnement.

Les députés E.Andrieu (S&D, FR) et J.P. Denanot (S&D, FR) ont par exemple, diffusé un communiqué de presse où ils demandent à la Commission européenne de tout faire pour « remonter les cours […] [et que si] elle ne crée pas toutes les conditions pour permettre un retrait volontaire des volumes par tous les producteurs de l’Union européenne, nous demanderons un rétablissement des quotas ».

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