Le Lac de Alaotra : une zone agricole dominée par la riziculture
Cette région se situe à environ 250 km au nord-est de la capitale Antananarivo à laquelle elle est reliée en grande partie par une piste. La cuvette du lac Alaotre est l'une des plus grandes zones rizicoles de Madagascar, avec plus de 80 000 ha de rizières. C'est l'une de rares zones du pays excédentaires en riz avec une production annuelle en année normale de 200 000 tonnes, dont 80 000 tonnes en moyenne sont exportées chaque année vers Antananarivo et Toamasina, d'où son surnom de "grenier à riz de Mada". |

Une région sous pression...
Depuis 40 ans, la démographie de la région est marquée par une forte immigration agricole car la région est de plus en plus attractive de par ses richesses. La démographie croissante conduit à une saturation foncière et une dégradation des ressources naturelles. Pour pallier cette dégradation, des techniques d'agriculture de conservation (TAC) sont diffusées par la recherche et des programmes de développement.
Cette zone a connu de profondes modifications de l'aménagement agraire qui ont entraîné une dégradation importante des sols et ont fait augmenter la pression sur les ressources naturelles , en particulier les tanety qui sont des collines peu fertiles.
Où les exploitations agricoles sont tournées vers la production de lait...
Les systèmes de production rencontrés dans les exploitations agricoles du Lac Alaotra associent traditionnellement productions végétales (riz irrigué et pluvial, maïs, etc.) et animales (bovins de capitalisation et de trait), il s'agit donc d'exploitations de polyculture-élevage. Néanmoins, les élevages laitiers prennent de plus en plus d'ampleur car ils apportent un revenu journalier conséquent aux agro-éleveurs.
La stratégie commune des exploitations laitières est d'améliorer la production en lait en investissant dans des rations en qualité et quantité suffisantes. Elles ont donc besoin de ressources fourragères régulières et de qualité. Ce sont principalement des herbes naturelles de ressources communes et gratuites. Elles peuvent être récoltées sur les tanety en saison des pluies et dans les zones basses encore humides en saison sèche. Pour diminuer la pression sur ces ressources naturelles qui pourraient se raréfier et limiter le coût de la main d'oeuvre lié à la récolte de ces herbes, les agro-éleveurs laitiers souhaitent augmenter leur autonomie fourragère en produisant des fourrages en vert ou en sec, dans la limite des compromis à respecter entre prélèvement et conservation.

En termes de gestion de la fertilité, la fumure produite par les élevages, dans la mesure où elle est épandue sur les parcelles en SCV, peut apporter des bénéfices à ces SCV en enrichissant les sols en éléments minéraux (principalement azote, phosphore, potassium) tout en limitant les dépenses de l'éleveur dans des engrais chimiques de plus en plus chers. Dans la région du lac Aloatra, la production de fumier de vaches laitières est importante pour deux raisons :
la présence d'un paillage important dans les parcs des vaches laitières durant toute l'année,
la présence quasi permanente des vaches dans les parcs.
De plus, les parcs comportent des toits ce qui permet de produire une fumure de bonne qualité. Les cultures en SCV sont fertilisées à la fois avec des engrais organiques et chimiques, mais ce ne sont pas les cultures prioritaires pour l'épandage de la fumure dans la stratégie paysanne. En effet, la fumure va en premier lieu sur les cultures maraîchères et les cultures de maïs, quel que soit le type de sol (baiboho ou tanety).
Attention :
La région du Lac Alaotra a connu une dynamique d'expansion agricole qui semble à présent être bien maîtrisée par les populations locales et les organisations paysannes. Néanmoins, l'économie du lac reste principalement une économie de subsistance, condamnée à une productivité sans cesse accrue par la très forte pression démographique.
Auteurs : Claire FASSINO et Éva MAIRE
Superviseurs : Pierre-Yves LE GAL, Stéphane de TOURDONNET et Sarah Clerquin