Avec MASC, il convient de distinguer plusieurs notions correspondant à des étapes précises de la mise en œuvre de l'évaluation (cf. figure ci-dessous).
Recueil des informations brutes
Les informations relatives aux systèmes de culture pour effectuer une évaluation multicritère sont de trois ordres :
le recueil des pratiques culturales ces dernières peuvent être recueillies à partir d'un logiciel d'enregistrement des pratiques agricoles, d'un carnet de pratiques ou en réalisant des enquêtes auprès de l'agriculteur.
le recueil du contexte pédo-climatique: ces informations peuvent nécessiter de recueillir des analyses de sols, des informations auprès de la station météo la plus proche voire d'enregistrements effectués par l'agriculteur impliqué.
le recueil de références techni-économiques (prix des engrais, prix de vente des produits de récolte...) peut être effectué auprès de l'agriculteur lui-même, d'un centre de gestion, des instituts techniques et/ou des coopératives agricoles.
L'ensemble des données nécessaires à l'évaluation des indicateurs proposés par MASC 2.0 sont présentés dans un fichier intitulé "collecte des données brutes" dans le package MASC disponible à l'adresse suivante : https://www5.versailles-grignon.inra.fr/agronomie/Productions/logiciels_et_modeles/MASC/Modele-MASC
La caractérisation des systèmes de culture
Le recueil des données brutes sur le système de culture est suivi d'une phase de caractérisation. Cette étape consiste à décrire avec précision les performances de ces systèmes en dressant pour chacun d'entre eux un profil caractérisé par le calcul ou l'estimation de plusieurs variables quantitatives relatives aux dimensions économique, sociale et environnementale. L'obtention de ces variables quantitatives est effectuée en privilégiant les modes d'évaluation proposés par "des indicateurs de résultats" permettant d'avoir un aperçu le plus précis possible des performances des systèmes de culture. Les indicateurs de résultats ont en effet la particularité de considérer les interactions entre les pratiques agricoles et leur contexte de mise en œuvre (ex : l'indicateur INO3 de lessivage des nitrates proposés dans la méthode INDIGO considère la texture du sol, la pluviométrie, la forme et les dates d'apports de l'engrais azoté....). Ils seront préférés à des indicateurs dits de "moyens", moins précis car focalisés sur les pratiques sans prendre en compte le contexte (exemple : estimation du lessivage de nitrates en effectuant un bilan azoté).
L'évaluation en accédant au statut d'indicateur
Les valeurs prises par les variables permettant de caractériser les systèmes de culture ne sont pas porteuses de signification en elles-mêmes. En effet, comment interpréter la valeur prise par une variable sans la confronter à une valeur de « référence » qui peut être absolue ou relative (une valeur objectif, des valeurs-seuils, une norme ou un pourcentage d'évolution entre deux dates de mesures...) ? C'est ce travail de détermination des valeurs-seuils qui permet de faire passer la variable du statut de simple donnée mesurée ou estimée au statut d'indicateur ( Girardin et al., 2005[1]). |  |
Par ailleurs, le choix de valeurs-seuils dans l'utilisation de MASC permet de discrétiser les valeurs quantitatives calculées en valeurs qualitatives (du type "faible", "moyen", "élevé") compatible avec le logiciel DEXi. Le choix de ces valeurs-seuils permet aussi de discriminer, pour chaque indicateur, les systèmes évalués. Des valeurs-seuils sont proposées dans MASC 2.0 pour la plupart des indicateurs mais celles-ci peuvent être adaptées localement pour plusieurs raisons :
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Fondamental :
"Un indicateur est une variable à laquelle on a donné du sens ! " ( Girardin et al., 2005[1])
L'évaluation multicritère
Les variables qualitatives obtenues à l'issue de l'étape précédente sont ensuite entrées pour renseigner les critères basiques de l'arborescence MASC dans le logiciel DEXi (i.e. les feuilles de l'arbre). L'évaluation multicritère est ensuite effective lorsqu'un poids a été affecté à chaque critère d'évaluation rendant l'étape d'agrégation opérationnelle dans le logiciel. Il est alors possible de classer les systèmes de culture selon leur note globale de contribution au développement durable ou selon les performances obtenues sur un niveau intermédiaire de l'arborescence (exemple : selon les résultats du critère agrégé de la dimension environnementale).
Remarque :
Dans le vocable utilisé pour l'évaluation multicritère avec MASC, la notion d'indicateur" est distinguée de la notion de "critère" : les indicateurs permettent de renseigner les critères basiques, tandis que les critères de l'arbre (basiques ou agrégés) font référence à un domaine de préoccupation du développement durable. Par exemple, l'indicateur de la marge semi-nette (et les valeurs-seuils qui lui sont propres) permet de renseigner le critère "Rentabilité".
Ainsi, si la structure de l'arbre MASC est fixée, l'utilisateur à la possibilité de choisir l'indicateur de résultats de son choix pour évaluer les critères basiques de l'arborescence. Le critère rentabilité peut ainsi, en fonction des références et des données disponibles localement, être évalué par la marge nette, la marge brute...
Auteur : Damien Craheix