Processus écologiques

Compétition interspécifique

La compétition interspécifique a été étudiée en laboratoire par Gausse (1934) sur deux espèces de paramécies Paramecium caudatum et P. aurelia et par Park (1962) sur deux espèces de vers de farine Tribolium confusum (Coléoptères Tenebrionidae) et Oryzaephilus surinamensis (Coléoptères Silvanidae) en culture pure ou mixte. Les résultats ont montré que dans un environnement stable, deux espèces qui utilisent le même type de ressource ne peuvent continuer de coexister : la plus apte élimine l'autre, c'est le principe d'exclusion compétitive ou principe de Gausse ( Barbault, R. 2006[1]).

Chez les végétaux, cette compétition se termine rarement par l'élimination d'une espèce. Le plus souvent, elle aboutit à un équilibre stable entre les deux espèces.

Exemple

Dans une prairie pâturée par des moutons, les espèces végétales les plus abondantes sont Festuca ovina (Graminées), Rumex acetosella et Galium aparine (des Dicotylédones) ainsi que 14 autres espèces de Monocotylédones et Dicotylédones. L'élimination par traitement herbicide sélectif des Dicotylédones n'affecte pas la croissance de Rumex acetosella. Si on élimine les Graminées, Rumex acetosella double de masse. L'élimination de toutes les autres plantes multiplie sa biomasse de huit ( Dajoz, R. 2006[2]).

Ceci montre que Rumex acetosella entre en forte compétition avec l'ensemble des Graminées, et en faible compétition avec les Dicotylédones.

Dans la nature, de nombreux exemples de ségrégation écologique sont observés.

Exemple

  • Chez les végétaux, le pH optimum en culture pure est différent du pH optimum en culture mixte. En effet, lorsque deux espèces entrent en compétition, l'amplitude de leurs niches écologiques[3] diminue, ce qui diminue la compétition.

  • Chez les insectes phytophages, les espèces voisines s'installent sur des plantes hôtes différentes ou s'organisent pour l'exploitation d'une même ressource. Par exemple, Nebria brevicollis et Notiophilus biguttatus (Coléoptères) cohabitent et ont le même régime alimentaire, mais Nebria est actif la nuit et Notiophilus la journée.

On observe également la ségrégation spatiale d'espèces potentiellement compétitives.

Exemple

  • Les espèces du genre Trechus (Coléoptères terricoles) peuvent vivre dans un même milieu et évitent la compétition par une ségrégation spatiale de leurs niches ; l'espèce de petite taille vit en surface dans la litière, l'espèce de taille moyenne vit à une profondeur moyenne et l'espèce de grande taille vit à 20 cm de profondeur ou plus ( Dajoz, R. 2006[2]).

  • Chez les oiseaux : Phalacrocorax carbo et P. aristotelis vivent sur les mêmes côtes et vont pêcher dans les mêmes eaux. Le premier chasse en profondeur et se nourrit d'animaux benthiques (poissons plats, crevettes, labridés) alors que le second pêche dans des eaux superficielles et consomme des poissons clupéidés et de lançons.

On assiste parfois à des cas de déplacements ou d'exclusion compétitifs, consécutifs à l'introduction d'espèces, accidentellement ou non, dans des environnements nouveaux pour elles.

Exemple

  • A Hawaï, pour lutter contre la mouche des fruits Dacus dorsalis, on a fait des introductions d'hyménoptères parasites. Le premier parasite introduit était Opius longicaudatus. Celui-ci a été éliminé progressivement par la deuxième espèce introduite Opius vandenboschi, qui à son tour a été supplantée par la troisième espèce introduite Opius oophilus (Bess et al., 1961).

  • Rattus rattus a chassé le surmulot Rattus norvegicus qui se réfugie dans les égouts et greniers des maisons.

  • Galium hercynicum et G. pumilum sont deux plantes qui peuvent chacune pousser sur des sols calcicoles (pH élevé) et silicicoles (pH faible). Galium hercynicum exclut G. pumilum sur les sols silicicoles et inversement. En compétition, chaque espèce se limite à un type de sol. Il y a exclusion compétitive réciproque et jamais coexistence des deux espèces.

------

Auteur : Lala HARIVELO RAVAOMANARIVO

Médiatisation : Emilie Alaux

  1. Barbault, R. 2006

    Barbault, R. 2006. Un éléphant dans un jeu de quilles : l'homme dans la biodiversité. Seuil, Paris, 266 p. (Points Science, 2008).

  2. Dajoz, R. 2006

    Dajoz, R. 2006. Précis d'écologie. 8è édition. Cours et questions de réflexion. L3, Master, CAPES, Agrégation. Sciences sup. Dunod Paris.

  3. Niche écologique

    Ensemble des conditions environnementales telles qu'une espèce donnée peut former des populations viables.

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimerRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)