Théories de sociologie
Dans cette étude de cas, l'analyse du processus d'innovation s'inspire de la théorie de l'acteur réseau et de la sociologie de la traduction.
La théorie de l'acteur-réseau :
Selon l'approche théorique de l'acteur-réseau, aussi connue sous l'abréviation ANT (Actor-Network Theory), l'innovation est considérée comme un construit aux dimensions sociales et techniques. L'innovation est un objet en constante évolution, façonné réciproquement par ces deux dimensions indissociables. L'originalité de cette approche par rapport aux théories sociologiques classiques repose sur la prise en compte, dans son système d'analyse, d'acteurs humains classiques mais aussi d'entités non-humaines de toutes sortes appelés ici objets (objets techniques, objets de la Nature,...). La prise en compte de ces entités non-humaines est importante car, en raison de leurs propriétés, elles influencent le processus d'innovation. D'autre part, acteurs humains et non-humains interagissent entre eux au sein d'un réseau sociotechnique et développent l'innovation. | ![]() Le tracteur, par exemple, est un objet qui a une importance dans cette étude de cas (source : commons.wikimedia.org) | [1] |
« Ce qui fait le succès d'une innovation, la robustesse d'une connaissance, ce ne sont pas tant les propriétés intrinsèques de cette innovation ou d'un fait technique, mais bel et bien la longueur et la robustesse du réseau, le fait qu'il mobilise un large ensemble d'acteurs ; ainsi
(
Goulet, 2008[3])« l'innovation, c'est l'art « d'intéresser » un nombre croissant d'alliés qui vous rendent de plus en plus forts (
Akrich, et al., 1988[2]) »
. »
Sociologie de la traduction :
La sociologie de la traduction a été développée par Bruno Latour et Michel Callon[4]. La « traduction » est une métaphore pour désigner la manière dont certains acteurs s'érigent en « porte-parole » d'autres acteurs qu'ils cherchent à "mobiliser" afin de les associer au sein d'un réseau sociotechnique.
Les différentes étapes de l'innovation d'après la théorie de l'innovation :
1. « La problématisation ou comment se rendre indispensable ? »
« La problématisation, première étape de la traduction, consiste comme son nom l'indique à poser dans un premier temps un problème. Il s'agit de faire prendre conscience à un certain nombre d'acteurs qu'ils sont concernés par ce problème, et que tous peuvent trouver satisfaction au travers d'une solution que les traducteurs sont en mesure de proposer. »
(
Goulet, 2008[3])
2. « Les dispositifs d'intéressement ou comment sceller les alliances »
« L'intéressement est en effet pour M. Callon « l'ensemble des actions par lesquelles une entité s'efforce d'imposer et de stabiliser l'identité des autres acteurs qu'elle a défini par sa problématisation »
(
Goulet, 2008[3])
3. « Comment définir et coordonner les rôles : l'enrôlement »
L'enrôlement c'est « l'ensemble des négociations multilatérales, des coups de forces ou de ruses qui accompagnent l'intéressement et lui permettent d'aboutir »
(
Goulet, 2008[3])
4. « La mobilisation des alliés : les porte-parole sont-ils représentatifs ? »
« La mobilisation des alliés correspond à leur « déplacement » : « Mobiliser (...) c'est rendre mobile des entités qui ne l'étaient pas ». Elle s'effectue via des « chaînes d'intermédiaires qui aboutissent à un seul et ultime porte-parole » : le traducteur. »
(
Goulet, 2008[3])
Ces étapes feront l'objet d'un exemple d'application.
Complément :
Pour en savoir plus : consultez le grain pédagogique sur les réseaux sociotechniques
CALLON, 1986. Eléments pour une sociologie de la traduction. La domestication des coquilles Saintjacques et des marins-pêcheurs dans la baie de Saint-Brieuc. L'année sociologique, 1986, 36. pp. 169-208.
Auteur : Gouthier Axelle
Source : Processus et réseaux d'innovation autour du semis direct dans l'agriculture familiale. Le cas de la « Roça Floagri » à Uruará sur la route Transamazonienne (Pará, Brésil). Villemaine Robin
Superviseurs :Brives Hélène, De Tourdonnet Stéphane, Clerquin Sarah