Cas du gombo en Afrique de l'Ouest avec utilisation du pois d'Angole ou du sorgho comme plante piège en bordure

La stratégie « push-pull » de détournement stimulo-dissuasif est considérée comme un exemple emblématique de gestion agroécologique des ravageurs, adaptée aux petites surfaces non mécanisées comme c'est le cas pour les cultures maraîchères notamment en agriculture familiale en Afrique de l'Ouest. Les processus de régulation des bioagresseurs y sont aussi bien « bottom-up » que « top-down », avec mobilisation de prédateurs généralistes

Exemple du gombo en Afrique de l'Ouest avec utilisation du pois d'Angole ou du sorgho comme plante piège en bordure (Dispositif expérimental à l'Inran/Birni n'Konni au Niger en 2008)

Ainsi, la figure ci-dessus représente un réseau trophique simplifié dans un système de culture du gombo en parcelles entourées de pois d'angole comme plante-piège, établi sur la base d'études conduites au Niger (Ratnadass et al., 2014), avec en traits noirs les relations trophiques et en traits bleus, les interactions trophiques positives.

Au premier niveau trophique, on trouve le gombo et le pois d'angole, attaqués tous deux par la noctuelle Helicoverpa armigera (ravageur « cible », au second niveau trophique), le gombo l'étant aussi par des piqueurs-suceurs, notamment jassides Empoasca spp. peu dommageables car leur infestation se produit au stade végétatif quand la plante peut les compenser, et qu'ils ne sont pas vecteurs de maladies virales.

De plus, cette infestation précoce entraîne une plus forte colonisation de la parcelle par des araignées (prédateurs généralistes), suivie d'une infestation moindre de ces mêmes parcelles par H. armigera. Le pois d'angole pourrait ainsi favoriser, par une meilleure nutrition azotée (interaction trophique positive) le développement du gombo, le rendant plus attractif pour les jassides, qui attireraient elles-mêmes les araignées, qui réguleraient elles-mêmes la noctuelle sur le gombo (en plus du seul effet attractif « bottom-up ».

Critères/Plante Piège

Pois d'Angole

Sorgho

Coton

Niveau d'attractivité

+

+/-

+/-

Durée de la période d'attractivité

+

-

+

Facilité de contrôle manuel

+

+/-

-

Efficacité de la lutte biologique de conservation

-

+

-

Effet barrière sur d'autres ravageurs

+/-

+

-

Utilisation potentielle de la récolte

+

+/-

+/-

En termes de traits fonctionnels par rapport au service régulation de la noctuelle, c'est le pois d'angole, en particulier une variété extra-précoce, qui s'est révélé le plus prometteur par rapport aux deux autres plantes pièges évaluées, à savoir le sorgho et le coton.

Ainsi, les prédateurs sont plus abondants sur sorgho (fourmis, coccinelles & araignées, et punaises Orius consommatrices de pollen et prédatrices d'œufs et larves de noctuelles, mais le contrôle manuel est difficile du fait de la compacité des panicules, et la période d'attractivité est courte.

Sur le coton, la période d'attractivité est longue, mais avec peu de possibilité de régulation naturelle ou de contrôle manuel une fois que le « ver est dans le fruit ».

Sur pois d'angole, il y a peu de prédateurs, mais la période d'attractivité est étendue et le contrôle manuel est facile. Avec en plus un effet bénéfique de la fixation d'azote, y compris par effets « en cascade », une régulation accrue de la noctuelle par des prédateurs généralistes directement sur le gombo.

Méthode

On a donc là aussi des régulations par « lutte biologique de conservation », de type top-down, avec des détournements attractifs différents selon que c'est le sorgho ou le pois d'angole qui est utilisé comme plante piège de bordure : régulation sur la bordure ou sur la culture.

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