Vous voyez donc que l'utilisation de successions de cultures plus diversifiées est un moyen d'action pour contrôler les maladies et les ravageurs du sol, mais ce n'est pas la panacée. Il y a des contraintes commerciales, hein, si on veut cultiver du brocoli pour avoir une action contre le sclerotinia comme l'ont montré les travaux de Hao Esabaro, il faut s'assurer que le producteur aura des débouchés commerciaux pour cette nouvelle espèce... Peu de... Il existe peu de variétés résistantes aux maladies telluriques, quelques espèces sont pas ou peu sensibles, mais elles ont des débouchés relativement limités, l'oignon, l'ail, le fenouil, la roquette, qui sont des espèces peu sensibles aux nématodes, sont aussi des espèces qu'on ne peut pas cultiver sur des grandes surfaces.
Pour pouvoir utiliser de façon intéressante les successions de cultures pour lutter contre les bioagresseurs, une question importante, on l'a vu, est la question de la durée d'éviction des espèces sensibles, une durée qui est relativement longue pour la plupart des pathogènes, puisque je rappelle, il faut 5 ans environ entre deux cultures d'espèces sensibles, deux cultures de salades pour lutter contre le sclerotinia. Or, les producteurs maraîchers qui travaillent sous tunnels plastiques ont pour des raisons économiques de la salade chaque année. Donc on ne peut pas leur demander de produire de la salade que une fois tous les 5 ans sous tunnels. Il existe néanmoins un certain nombre de pistes de recherche autour des successions de cultures, et notamment l'utilisation de variétés ou d'espèces résistantes, donc c'est le cas des nouvelles lignées de piments, qui sont résistants aux nématodes à galles, et que l'on envisage d'utiliser comme plantes pièges, et on verra dans la dernière partie de ce module comment on pourrait les utiliser.