Les moyens humains : des professionnels réunis autour d'une culture commune

La diversité des structures gestionnaires

Histogramme du nombre de gestionnaires par statuts de protection
Nombre d'organismes gestionnaires ©Aten

En France, pour la majorité des statuts de protection, l’État reste largement l'acteur décisionnaire de leur création mais la gestion est confiée à plus de 300 structures gestionnaires qui emploient plus de 5000 professionnels de la protection de la nature.

Le Conservatoire du Littoral est un établissement public dont l'objectif est d'assurer la maîtrise foncière. La gestion est déléguée à dizaines de de partenaires.

Camembert des statuts des gestionnaires des sites du Conservatoire du Littoral
Nature des gestionnaires des sites du Conservatoire ©conservatoire-du-littoral.fr

Des professionnels avec un cœur de métier et des fonctions communes

Plus de 30 métiers ont été recensés par le répertoire des métiers (Aten[1]) dans les organismes gestionnaires. Ces métiers sont variés, du terrain à l'administratif en passant par la communication ou la pédagogie environnementale. Si l'on exclut les fonctions dites supports (management, ressources humaines, communication, documentation, informatique ou comptabilité), ils sont chargés de maintenir l'état de conservation du patrimoine qui leur est confié. Ils réalisent tous plus ou moins des missions communes  :

  • inventaire, suivi, surveillance, entretien et restauration de milieux naturels

  • sensibilisation des citoyens (animation, éducation à l'environnement)

  • police de la nature (interpellation, prévention et rappel à l'ordre, respect de la réglementation)

  • promotion des systèmes de production durable (agriculture, sylviculture, énergie, tourisme, patrimoine, solidarité...)

Ces professionnels ont en commun l'élaboration de documents de planification : charte et plan pour les Parcs nationaux et régionaux, documents d'objectifs pour les sites Natura 2000, plan de gestion pour les Réserves naturelles et des terrains des Conservatoires d'espaces naturel. Leur durée est généralement de 5 ans, parfois jusqu'à 15 ans. Ils sont élaborés en concertation avec les acteurs locaux (services de l’État, collectivités, associations, acteurs socioprofessionnels...).

Le tout sans perdre de vue leur finalité : la protection de la nature ! L'éducation, le développement durable etc.. sont des moyens pour y parvenir plus que des finalités.

ExempleLe garde-nature : un métier emblématique

Métier emblématique des espaces naturels, il se décline dans un Parc national (garde-moniteur ), dans un Parc naturel régional (écogarde), sur les terrains du Conservatoire du Littoral ou d'un Grand Site, sur les sites de l'Office National de la Chasse ou de la Faune Sauvage dans une Réserve naturelle. Le Garde Nature constitue le maillon opérationnel de la protection de la nature dans les espaces protégés. Ses missions fondamentales s'articulent autour de trois grands axes :

  • Le patrimoine naturel : protection du patrimoine naturel (surveillance : veille écologique, prévention et sensibilisation, police de l'environnement), connaissance du patrimoine (suivis des milieux, des espèces et des paysages, participation à la recherche scientifique, expertise), intervention sur le patrimoine (travaux de génie écologique, de restauration d'habitats ou d'espèces, nettoyage de site)

  • L'animation : accueil du public sur les sites et dans les points d'accueil, pédagogie auprès des scolaires et des groupes, réalisation d'outils de communication, entretien d'infrastructures d'accueil  maisons du parc, sentiers, balisage

  • Lien avec le territoire : entretien de relations avec les populations locales, suivi de partenariats avec les acteurs locaux, encouragement de pratiques respectant l'environnement 

Une association Garde-nature de France représente la section française de l'International Ranger Federation.

Association des gardes nature de France ©gardesnaturedefrance.espaces-naturels.fr

Les recrutements : le niveau monte

Pour les 5000 professionnels environ qui travaillent dans les organismes gestionnaires, on observe une grande hétérogénéité de leur statut : contrat de droit privé pour les organismes soumis au droit du travail (associations loi 1901) ou contrats de droit publics pour les organismes publics (Établissement Public, Syndicat Mixte). Pour ces derniers, la moitié environ de leurs effectifs sont des fonctionnaires. Les modes de recrutement sont au minimum bac +2, y compris pour les métiers de terrain.

Les personnels chargés de la gestion sont bien formés grâce à un niveau de formation initiale élevé et aux actions de formation continue de l'Aten[1] et les différents réseaux nationaux. La montée en compétence est à améliorer pour les agents des collectivités locales, pourtant concernés.

ExempleL'établissement public Parc national

Chaque établissement emploie entre 80 et 100 agents. La majorité sont des agents de terrain pour lesquels il existe les statuts de fonctionnaires d'Agent technique de l'environnement et de Technicien de l'environnement. Ils sont recrutés par un concours organisé par le ministère de l'Environnement (fonction publique de l’État). En fonction du niveau de responsabilité attribué, un agent technique perçoit environ 1 400 € bruts mensuels à la prise de ses fonctions et 2 400 € bruts mensuels en fin de carrière.

Ils peuvent également être affectés dans les les Parcs naturels marins (Agence Aires Marines Protégées) et les Réserves nationales de chasse et de faune sauvage (Office National de Chasse et de la Faune Sauvage)

Métier, agent technique de l'environnement

ExempleLe Syndicat mixte d'un Parc naturel régional

Les 1 200 agents qui travaillent dans les 51 Parcs naturels régionaux relèvent majoritairement de la fonction publique territoriale. Les Parcs naturels régionaux emploient notamment des cadres et chargés de mission qui assurent, entre autres, un rôle de conseil auprès des collectivités. Ils sont souvent chargés d'un domaine spécifique : patrimoine naturel, tourisme, développement économique, énergie, agriculture et forêt, urbanisme, développement culturel..

En ce qui concerne le personnel de terrain, il n'y a pas à proprement parler de « garde-moniteur » comme dans un Parc national, mais il peut y avoir en revanche des « guides-animateurs », des « éco-gardes », des « gardes verts », ainsi que du personnel d'accueil ou du personnel d'entretien pour les équipements et infrastructures du parc.

A travers ces 2 vidéos, découvrez les métiers d'Animateur nature et de Garde nature

ComplémentInterview de Serge Colombaud, Animateur nature, Centre du Scamandre

Interview de Serge Colombaud, Animateur nature Centre du Scamandre, réal. Montpellier SupAgro ©Aten, SupAgro

Morceaux choisis

Le centre de découverte du Scamandre, Réserve naturelle régionale est un Espace naturel protégé où le gestionnaire a la volonté de maintenir une diversité écologique. Ses statuts conditionnent les activités pratiquées. Le centre est d'abord un espace naturel de la commune de Vauvert, un Espace naturel sensible du département du Gard, sous réglementation de Réserve naturelle régionale. Au niveau national, il a acquis récemment la reconnaissance Grand site de France. Enfin, il appartient au réseau européen Natura 2000, réserve de biosphère liée à l'Unesco, site Ramsar pour la protection des zones humides.

Sa fréquentation est importante, de l'ordre de 15 000 visiteurs par an, hors public scolaire. L'origine géographique du public est locale, nationale ou internationale. Les visiteurs sont attirés par la découverte de la nature et recherchent la rencontre avec les oiseaux. Selon les saisons, différents spectacles sont à découvrir comme au printemps, la nidification des hérons arboricoles ou d'ibis falcinelle.

Le métier d'animateur nature est d'accueillir du public mais aussi de concevoir des équipements, ce que l'on nomme l'interprétation : création de sentiers, conception de documents et de panneaux réalisés avec le gestionnaire et l'équipe d'entretien.

Dans cet espace, on accueille jusqu'à 3000 élèves par an, de la maternelle au lycée. Ici, on a un atelier pour les tout-petits afin de mettre en pratique, toucher et expérimenter. Pour être animateur nature, il faut avoir une sensibilité à protection de la nature et une envie de la partager, une aptitude à aller à la rencontre des gens. Une certaine neutralité est requise. L'objectif n'est pas de transmettre des vérités toutes faites mais mener une éducation populaire, conduire les gens à se faire leur propre conception afin de prendre part à leur manière à la protection de la nature. Ici la découverte de la faune et de la flore est privilégiée mais le message porte aussi sur la part de la responsabilité humaine dans l'entretien et la valorisation des espaces naturels.

Aujourd'hui, les diplômes pour devenir animateur nature sont principalement le BPJEPS et le BTS Gestion et protection de la nature.

Pour une utilisation hors-ligne, retrouvez l'interview de Serge Colombaud

ComplémentInterview de Ludovic Foulc, Garde nature, Conservatoire des espaces naturels du Languedoc-Roussillon

Interview de Ludovic Foulc, Garde nature Conservatoire des espaces naturels du Languedoc-Roussillon, réal. Montpellier SupAgro ©Aten, SupAgro

Morceaux choisis

Ludovic, garde-nature : on se trouve ici sur le site des Salines de Villeneuve qui est une propriété du Conservatoire du Littoral. Il se situe au cœur d'un complexe d'étangs classé Natura 2000 : les étangs palavasiens. C'est également un site Ramsar pour les zones humides et un site classé pour son passé industriel de production de sel jusqu'en 1969. Il est situé entre deux agglomérations, Montpellier et Sète. Du coup, le site est soumis à de nombreuses pressions foncières urbaines et touristiques : lotissements et cabanisation qui est un phénomène très accentué sur le littoral du Languedoc-Roussillon. Le site est fréquenté par des promeneurs, des cyclistes ou des cavaliers. Des activités de pêche de loisir et chasse péri urbaines sont recensées. Tout un panel d'acteurs se retrouvent ici et l'enjeu est d'arriver à concilier ses différentes activités.

Il est fondamental d'avoir des gardes présents sur le territoire afin de prévenir les dégradations. C'est une sentinelle du territoire.

Un garde-nature a des missions variables en fonction des moments de l'année, en fonction du type d'espaces naturels et du type d'employeur : établissement public, collectivité locale, association privée de protection de la nature. Le garde a des pouvoirs de police de l'environnement et peut dresser des procès-verbaux. Plusieurs corps de police de la nature cohabitent en France : gardes de ONCFS, gardes de l'Onema, gardes du Conservatoire du littoral, gardes des Réserves naturelles de France.

Un garde a aussi une mission pédagogique. Il doit expliquer pourquoi ces milieux sont vulnérables et comment les protéger, grâce à une sensibilisation du public et d'éducation. Enfin, il réalise un travail de nature scientifique avec la mise en place d'inventaires et de suivis naturalistes.

Ici, le garde va également mettre en œuvre certains travaux de gestion comme des travaux de débroussaillage d'entretien des milieux. Il peut également être amené à gérer des niveaux d'eau.

Pour une utilisation hors-ligne, retrouvez l'interview de Ludovic Foulc

  1. ATEN : Atelier technique des espaces naturels