Conclusion
Le "Priming Effet" est un phénomène de sur-minéralisation de la matière organique évoluée du sol, induit par la minéralisation de la matière organique fraîche. Dans l'expérience décrite ci-dessus, on est capable de récupérer les populations bactériennes présentes dans chaque échantillon. On peut alors extraire l'ADN bactérien. Les brins d'ADN lourds (marqués au carbone 13) et les brins d'ADN légers (marqués au carbone 12) peuvent être séparés par pyroséquençage. Ainsi, on peut quantifier à la fois les populations bactériennes ayant dégradées la matière organique fraîche (ADN marqué au C13) et/ou évoluée (ADN marqué au C12). Si on compare les résultats obtenus pour les échantillons 1 et 2, on se rend compte que les deux types de certaines populations bactériennes ont considérablement augmenté, jusqu'à un facteur 80 pour les flavobactériacées.
Les vers activent donc ces deux types de populations bactériennes. Leur présence induit une intensification des phénomènes de minéralisation et du « Priming Effect ».
Il est aussi intéressant de noter que les vers ont augmenté de façon importante les Chitinophagaceae qui, comme leur nom l'indique sont spécialisées dans la décomposition de la chitine. Or et c'est surtout dans les hyphes de champignons qu'on trouve de la chitine. L'hypothèse qui faite est que les vers de terre cassent les hyphes fongiques dans leur tube digestif ce qui stimule les bactéries capables d'attaquer cette chitine.
Mais cet aspect de stimulation de la décomposition bactérienne par les vers de terre ne dure qu'un temps puisque des travaux ont montré qu'au bout de quelques semaines, les turricules de vers de terre, en raison de leur compacité et de l'absence d'oxygène, ont une tendance à diminuer la décomposition de la matière organique. Les vers de terre augmentent donc la minéralisation de la matière organique à court terme mais la diminuent sur le long terme.