Des enjeux auxquels l'agriculture de conservation peut répondre
L'augmentation de la densité démographique, l'intensification agricole et la pression foncière ont conduit à une colonisation des tanety incluant défrichement, mise en place de cultures pluviales et diminution de la pratique de la jachère. Or ces terrains sont sensibles à l'érosion et ces modifications agraires ont entraîné une dégradation importante des sols (érosion et baisse de fertilité) ainsi qu'un endommagement des rizières de bas-fonds situées en aval. |
Face à ces enjeux, les actions de recherche tentent de diffuser les techniques d'agriculture de conservation (TAC) depuis les années 1980 .[2]
Cette diffusion est restée très ponctuelle jusqu'au début des années 2000, du fait d'une approche de développement non adaptée aux réalités locales.
En 2000, le GSDM (Groupement de Semis Direct de Madagascar), une association regroupant 15 organismes impliqués dans la recherche, la formation et diffusion des systèmes de culture sous couvert végétal (SCV) à Madagascar a été créé. A l'aide d'appuis financiers, des techniciens chargés de diffuser les TAC en milieu paysan ont été formés. Parallèlement, un projet pilote, le projet Bassin Versant-Lac Alaotra, est lancé en 2003 afin d'impulser l'adoption des TAC dans cette région .[3]
Quelle agriculture de conservation pour répondre à ces enjeux ?
Parmi l'éventail de systèmes techniques disponibles, ce sont surtout les systèmes de culture sous couvert végétal (SCV) qui sont diffusés depuis les années 1990 dans les régions du Lac Alaotra et du Vakinankaratra. En effet, ils présentent plusieurs avantages : - grâce à la couverture végétale :
- diminution du temps de travail en supprimant le labour et en minimisant le sarclage .[2] |
Des systèmes peu adaptés à l'élevage
Dans la stratégie paysanne, la culture principale est la culture vivrière (maraîchère ou maïs) et non la plante fourragère. Par conséquent, les cultures en SCV ne sont pas prioritaires pour l'épandage de la fumure. Lorsque de la biomasse est exportée en vue d'alimenter les animaux, la compensation par des apports d'engrais et/ou de fumier est donc limitée.
![]() Les fourrages sont distribués aux animaux tout en faisant attention que la couverture végétale du sol soit suffisante, (©Foussat) | [5] | Il y a de plus concurrence entre production de fourrages et amélioration du sol. En effet, l'exportation de biomasse de la plante de couverture pour le fourrage engendre une insuffisance de la couverture du sol, les adventices prolifèrent et le rendement de la culture d'intérêt diminue par rapport à une conduite conventionnelle .[2] |
Fondamental :
C'est pourquoi il est essentiel de trouver un juste milieu entre production fourragère et couverture du sol. Cela ne peut se faire sans appui technique des agro-éleveurs.
Auteurs : Claire FASSINO et Éva MAIRE
Superviseurs : Pierre-Yves LE GAL, Stéphane de TOURDONNET et Sarah Clerquin