Mesures mises en œuvre
La multiplication de plants ou la production de semences saines est basée sur la mise en œuvre de différents dispositifs
Contrôle et maintien de l'état sanitaire du matériel initial et du matériel de propagation
Ces mesures sont appliqués pour les plantes multipliées par voie végétative (bouture, marcotte, greffage). Les plants initiaux (« nuclear stock ») ainsi que le matériel de propagation (arbres et plants donneurs de greffons par exemple) doivent être régulièrement testés pour s'assurer de l'absence d'organismes nuisibles à l'aide de protocoles de diagnostic validés. En effet, la qualité sanitaire de ce matériel est cruciale puisqu'il est à l'origine de centaines de milliers de jeunes plants.
Remarque :
Si nécessaire, des procédures d'élimination de certains pathogènes (virus, phytoplasmes) peuvent être mises en œuvre, par exemple par culture in vitro de méristèmes associée ou non à un traitement thermique (thermothérapie) ou encore par un traitement à l'eau chaude (traitement obligatoire des bois de vigne contre le phytoplasme causant la flavescence dorée et contre son vecteur, Scaphoideus titanus). Ce matériel initial doit, bien entendu, être maintenu dans des conditions appropriées pour éviter une éventuelle contamination. Ces mesures s'appliquent aussi aux plantes multipliées par des organes de multiplication végétative comme les tubercules et les bulbes.
Protection des parcelles de production de semences et de multiplication de plants vis-à-vis des organismes nuisibles
Les parcelles de production de semences ou de multiplication de plants doivent être éloignées ou protégées des sources potentielles d'organismes nuisibles et de leurs vecteurs biotiques. Idéalement, les sites de production de semences et de plants devraient se situer dans des zones reconnues pour être indemnes d'organismes nuisibles et être eux-mêmes exempts d'organismes nuisibles. La définition de zones et de lieux indemnes de production a fait l'objet de deux normes internationales très précises ( NIMP10[1] et NIMP4[2]) . En pratique, il n'est pas toujours possible d'installer des lieux de production dans des zones indemnes et d'autres procédures visant à éviter une infection/ infestation par un organisme nuisible donné doivent être mises en place, comme par exemple une :
- Désinfection préalable du sol d'une parcelle de pépinière/de production de semences pour éliminer les organismes nuisibles du sol et/ou leurs vecteurs,
- Installation d'un cordon sanitaire (ou zone tampon) pour se protéger d'organismes nuisibles pouvant être disséminés de façon aérienne,
- Production de plants sous abris étanches aux insectes (protégeant les plantes de nombreux vecteurs aériens d'agents pathogènes).
Surveillance des parcelles de production ou de multiplication et de leur environnement
Les sites multiplicateurs de plants et de production de semences doivent faire l'objet d'une surveillance officielle pour garantir que le lieu de production reste exempt d'organisme nuisible de quarantaine (exigence réglementaire) et parfois de certains organismes de « qualité ».
La stratégie de surveillance (fréquence de surveillance, intensité et méthode d'échantillonnage, outils de diagnostic utilisés) va dépendre du niveau d'exigence requis (exigence réglementaire ou exigence dans le cadre de la certification), des organismes nuisibles à rechercher, de l'épidémiologie des maladies potentiellement associées à ces organismes nuisibles et des connaissances scientifiques disponibles.
La délivrance du passeport phytosanitaire européen (PPE) ou du certificat phytosanitaire (pays tiers) est conditionnée à cette surveillance dont le résultat doit être négatif, parfois sur une période de plusieurs années. De même, la délivrance du document associé à un schéma de certification est basée sur des résultats d'analyses effectuées lors des différentes étapes du processus de multiplication des plants par exemple. Si aucune tolérance n'est admise dans le cas des organismes de quarantaine, une présence limitée peut être parfois acceptable pour les organismes dits de qualité (cf activité ci-dessous pour les organismes nuisibles de la pomme de terre).
Traitement des sites de production et des semences avant envoi ou lors du stockage
Dans certaines situations, un traitement chimique du lieu de production peut être réalisé pour éviter l'infestation des plantes ou la transmission de pathogènes nuisibles. Par exemple, des traitements insecticides peuvent être réalisés pour éliminer l'aleurode Bemisia tabaci, vecteur de virus de quarantaine sur tomates. Ce traitement sera d'autant plus efficace qu'il est réalisé dans un lieu de production fermé comme une serre.
Un traitement des semences, tubercules ou même greffons peut aussi être effectué avant export des lots et lors du stockage pour éliminer certains organismes nuisibles. Les traitements peuvent être basés sur un simple traitement thermique (souvent à l'eau chaude comme précédemment indiqué pour la vigne, traitement efficace contre le phytoplasme responsable de la flavescence dorée mais aussi contre certains champignons pathogènes). De même, des traitements par fumigation peuvent être réalisés pour éliminer certains ravageurs de conservation des céréales par exemple.
Ces traitements sont souvent réalisés à la demande du pays importateur avant export.
Remarque :
Des traitements par irradiation sont souvent effectués sur fruits et légumes visant à éliminer de nombreux insectes, parfois classés comme organismes de quarantaine comme la mouche des fruits (Ceratitis capitata). De même, des traitements thermiques ou par fumigation du bois d'emballage associés à un marquage spécifique sont obligatoires car celui-ci est à l'origine de l'introduction de nombreux organismes de quarantaine, comme le nématode du pin Bursaphelenchus xylophilus ou encore le longicorne asiatique des feuillus, Anoplophora glabripennis.