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Les plantes de couverture

Gestion

Comment l'implanter ?

Installation du kikuyu par boutures Photo : R. Michellon

La production de semence étant difficile, la mise en place d'une couverture de kikuyu se fait principalement par bouturage, qui est assez aisé et permet une implantation plus rapide. Il est recommandé de l'implanter en association avec une culture dont il valorise la fertilisation, sans entraîner de concurrence. Toutes les plantes à cycle court peuvent être associées : haricot, soja, riz, maïs, chou, tomate, petit pois, pomme de terre. Ainsi, le kikuyu peut être installé :

  • en novembre – décembre au début de la saison des pluies, en association avec les cultures de saison : soja, maïs, riz ; ou

  • en février, lors du second cycle de culture, alors en association avec du haricot, du petit pois ou de l'avoine

  • lors du buttage de la pomme de terre.

Quelle que soit la période ou le mode d'implantation, le kikuyu s'installe lentement et demande plus d'une année pour que la couverture soit totale. En première année, le kikuyu jeune ne fait pas de concurrence à ces cultures, y compris aux céréales.

La technique utilisée en pratique est le bouturage de stolons lignifiés de 20 à 30 cm de long (au moins trois noeuds), plantés à une densité d'environ 0,5 x 0,5 m. Plus la densité est élevée, plus la couverture du sol est rapide. Cette densité et les espacements entre plants sont également fonction de la culture associée lors de la mise en place .

Les temps de travaux nécessaires à l'implantation du kikuyu par bouture sont de 25 à 30 jours/ha pour une trouaison manuelle à 0,5 x 0,5 m. Ils peuvent être réduits grâce à un sillonnage mécanique. La plantation dans les sillons profonds réduit les méfaits de la sécheresse. Les boutures, simplement épandues sur le terrain, peuvent aussi être plantées avec une canne-planteuse (tige métallique de 1 m environ avec un simple crochet à une extrémité pour enfoncer la bouture dans le sol, et munie d'une barre transversale pour appuyer avec le pied), ou enfouies mécaniquement par passage d'un cultivateur.

Remarque

Il est à noter que sur un terrain ferrallitique compacté, le kikuyu ne se développe pas sans préparation du sol (et sans fumure).

Fertilisation

Le kikuyu est très exigeant sur le plan de la fertilité du sol. Il n'est pas recommandé sur sols pauvres. En sol à fertilité moyenne, son développement peut être amélioré par pralinage. Le pralinage consiste à tremper la base des boutures dans une bouillie fertilisante composée d'un tiers d'eau, un tiers de terre argileuse et un tiers de fumier (et pouvant être enrichie par un engrais). Il peut aussi être installé après écobuage, entre les rangs de maïs.

Le kikuyu est particulièrement exigeant en N et P. Une bonne production nécessite des apports fractionnés d'azote, et de maintenir le niveau de phosphore assimilable au dessus de 15ppm.

Le kikuyu apparaît également sensible à une forte acidité du sol : dans ce cas, un amendement calcaire permet d'accroître sa production et de réduire les apports d'azote (prévoir 1 t/ha de CaO pour un sol à pH eau de 4,5).

Gestion de l'enherbement

Avant l'installation de la couverture de kikuyu, il faut éliminer les espèces pérennes qui ne sont pas affectées par ses effets allélopathiques comme Paspalum paniculatum (« Akitsoavaly » ,«  Mahabamka ») ou Phalaris arundinacea. Cela peut se faire manuellement ou à l'aide d'herbicides totaux comme le glyphosate

La gestion de l'enherbement durant l'installation du kikuyu doit se faire en fonction de la culture qui lui est associée. Lors de l'installation de cette couverture avec le haricot ou le maïs, l'application de bentazone de 720 à 1200g/ha (1,5 à 2,5 l/ha de Basagran liquide à partir du stade 2 feuilles sur haricot) permet de contrôler les dicotylédones au stade plantules et les cypéracées (comme Cyperus esculentus). Dans le cas d'adventices à feuilles larges plus développées dans le maïs, utiliser plutôt le 2,4-D sels d'amines en jet dirigé : 1080 g/ha avant

le stade 3 à 4 feuilles du maïs pour éviter tout dégât sur la culture (1,5 l/ha de 2,4-D Amine 720 SL). Le 2,4-D peut aussi être utilisé dans le cas d'une association avec le riz : 720 g/ha entre la fin du tallage et l'initiation paniculaire du riz (1 l/ha de 2,4-D Amine 720 SL).

Protection phytosanitaire en végétation

Aucun problème sanitaire n'a été observé à Madagascar sur kikuyu qui reste très sain et permet des améliorations sanitaires des cultures qui lui sont associées, hormis pour le chou pommé qui peut être ravagé par des chenilles (Plutella sp.). En Australie, il peut souffrir du jaunissement du kikuyu sous forte fertilisation azotée, et de pyriculariose (Pyricularia pennista et Pyricularia grisea).

Le kikuyu peut être temporairement endommagé par divers arthropodes et leurs larves comme Spodoptera sp. et surtout Heteronychus arator (Scarabeideae)

Production de semences / Récolte

La multiplication du kikuyu à Madagascar se fait avant tout par voie végétative, en raison de sa stérilité. La production de semences de variétés fertiles est difficile et nécessite de très nombreuses fauches pour déclencher la floraison. La récolte est également difficile, les graines étant positionnées très près du sol.

Auteur : Husson O. et al. (2013). Manuel pratique du semis direct sur couverture végétale permanente (SCV). Application à Madagascar. GSDM/CIRAD.

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