Réalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)
Accueil guide scv

Réalisation de l'écobuage

Préparation de la biomasse à brûler

Définition

La préparation de la biomasse qui va être brûlée lors de l'écobuage représente un travail important, réalisé en saison sèche.

Plus la saison sèche est courte (comme dans le Sud- Est), plus ce travail doit être effectué rapidement.

©SIA-CiradUn écobuage “moyen” nécessite 30 à 40 t/ha de matière sèche, avec un minimum de 20 t/ha et jusqu'à 60 t/ha pour un écobuage très performant sur des sols riches en matière organique.

La biomasse doit être fauchée, séchée (2 à 3 jours) puis transportée sur la parcelle à écobuer.

Remarque

Plus la distance de transport est élevée, plus le travail est important, ce qui rend particulièrement intéressant de produire la biomasse à l'avance sur la parcelle (plantation préalable d'arbustes comme les acacias) ou en bordure (Bana grass par exemple). Dans le cas de l'utilisation de paille de riz, ce travail est très réduit.

Contrôle des plantes vivaces

Dans le cas où l'écobuage se fait sur une parcelle où les plantes vivaces sont abondantes (jachère à Cynodon dactylon par exemple), il est nécessaire d'éliminer ces plantes avant de réaliser l'écobuage. Le contrôle de ces plantes après écobuage est très difficile puisqu'elles seront alors recouvertes par la terre extraite des tranchées, et donc peu visibles et hors d'atteinte des herbicides. A l'inverse, le traitement herbicide en végétation de ces plantes vivaces facilite par la suite le travail de creusement des tranchées. En l'absence d'herbicide, le décapage à l'angady des plantes vivaces est possible, mais très laborieux.

Creusement des tranchées

Tranchées préparées pour l'écobuage ©ANAE

Les tranchées dans lesquelles l'écobuage localisé sera réalisé doivent être creusées de préférence perpendiculairement à la pente. En cas de risque de stagnation d'eau (qui peut engendrer des maladies), il faut prévoir des drains pour évacuer l'eau des tranchées, ou réaliser les tranchées dans le sens de la pente (sur pente faible). Dans les pentes fortes, l'écobuage peut être fait en réalisant des mini-terrasses, en marches d'escalier. L'espacement entre tranchées et la largeur des tranchées déterminent par la suite la densité de semis, les cultures étant semées sur le sol écobué dans ces tranchées.

La largeur des tranchées est de 20 cm à 40 cm. L'écobuage est meilleur sur des tranchées larges, mais la quantité de biomasse à utiliser est plus importante. Une tranchée large facilite aussi le semis en doubles rangs d'une culture comme le riz ou la pomme de terre par exemple. L'espacement entre tranchées (de centre à centre de la tranchée) est de 80 à 100 cm en fonction de la densité de semis souhaitée par la suite. La profondeur de la tranchée est de 20 cm, sauf dans le cas où l'horizon de surface organique est très peu épais. Dans ce cas, la profondeur de la tranchée est celle de l'épaisseur de cet horizon organique (sans creuser dans les horizons inférieurs, trop pauvres pour être écobués).

Exempleles tranchées et la densité

Pour réaliser un écobuage pour la culture de maïs, en minimisant la biomasse utilisée, on peut réaliser des tranchées de 20cm de large, suffisantes pour localiser facilement des simples rangs de maïs. En espaçant les tranchées de 1m et en resserrant l'espacement sur la ligne à 40cm, on obtient une densité de 25000poquets/ha.

Pour une culture de pomme de terre qui valorise très bien la fertilité mais nécessite une densité élevée, des tranchées de 40 cm de large (permettant le semis en doubles rangs) espacées de 1m (60cm entre deux tranchées) permettent d'obtenir une densité de 40 000 à 45 000 plants/ha (en espaçant les plants de 45 à 50 cm sur le rang).

Ces tranchées peuvent être réalisées à l'angady[1], ce qui est exigeant en travail mais permet :

  • de réaliser des tranchées rectilignes et régulières (facilitantle semis sur la tranchée) ;

  • de mettre de côté la terre la plus organique pour recouvrir les tranchées, et donc d'assurer une très bonne qualité de l'écobuage.

Elles peuvent aussi être réalisées à la charrue en faisant un double passage dans le même sillon ce qui permet d'ouvrir un sillon large. Les tranchées sont ensuite terminées à l'angady, avec un travail très fortement réduit (mais des tranchées réalisées de façon moins précise).

Remplissage des tranchées avec la biomasse (combustible)

Remplissage des tranchées avec le combustible et confection de cheminées © K. Naudin[2]

Les tranchées sont ensuite remplies avec le combustible, en le tassant bien (avec le pied) et en remplissant les tranchées jusqu'à 10-15 cm au dessus du niveau initial du sol. Plus la biomasse apportée est importante, meilleures sont la combustion et l'efficacité de l'écobuage. Les pailles (riz, bozaka, etc.) sont alignées dans le sens de la tranchée pour faciliter la propagation du feu et la circulation de l'air. En cas d'utilisation de balle de riz ou de branchages qui transmettent moins bien le feu (et laissent moins bien circuler l'air pour les balles de riz), une couche de paille est préalablement installée au fond de la tranchée et une nouvelle couche est placée au dessus, ce qui facilite l'aération et la propagation du feu. Des mèches de paille qui sortiront du sol après recouvrement des tranchées et formeront des cheminées sont installées tous les 1,5 m environ.

Recouvrement des tranchées avec de la terre

Les tranchées remplies de combustible sont ensuite recouvertes de 8 à 15 cm de terre, en prenant soin d'utiliser la terre de surface, organique (la plus foncée), et de laisser libres les cheminées d'aération en paille qui vont servir pour la mise à feu.

Avec la quantité de combustible apportée, l'épaisseur de terre apportée lors du recouvrement permet de réguler le “tirage”, et donc la vitesse et l'intensité de la combustion. Moins de 8 cm de terre conduisent à une combustion trop rapide, à des températures trop élevées (d'autant plus élevées que la quantité de combustible est importante). Plus de 15 cm rendent difficile la combustion (d'autant plus difficile que la quantité de biomasse apportée est faible), et entraînent un risque d'étouffement et de combustion incomplète.

Recouvrement des tranchées et confection des cheminées pour l'allumage © N. Moussa[3]

Mise à feu et combustion

Mise à feu et combustion Aération à l'angady © N. Moussa[4]

La mise à feu se fait par les mèches de paille. A partir de la mise à feu, la combustion est soigneusement contrôlée pour :

  • éviter la propagation du feu aux parcelles ou à la jachère environnante;

  • s'assurer d'une bonne combustion de la totalité de la biomasse installée.

La combustion doit se faire intégralement, mais pas trop rapidement (24 à 48 heures, en fonction de la quantité appliquée, de l'épaisseur de terre qui la recouvre, de l'espacement entre cheminées et du type de biomasse), comme pour la préparation de charbon de bois.

Remarque

  • En cas d'apparition de flammes (en dehors des cheminées), recouvrir avec un peu de terre (organique si possible). Si l'aération est mauvaise et que le feu risque de s'éteindre, il est possible de soulever la paille et la terre en introduisant une angady par une cheminée et en faisant levier.

  • En cas d'arrêt de la combustion sans possibilité de rallumer par les cheminées (étouffement sous trop de terre, manque de combustible ou pluie) il est nécessaire de rouvrir les tranchées, faire sécher éventuellement le combustible et en rajouter si besoin, et de recommencer l'écobuage.

Un écobuage réussi se reconnaît à la couleur rouge brique du cylindre intérieur de sol écobué.

Terre écobuée, de couleur rouge brique ©Husson O.[5]

Mise à plat et contrôle des adventices annuelles

Après refroidissement (2 à 3 jours après la fin du brûlis), s'assurer qu'il ne reste pas de biomasse enterrée qui n'ait pas brûlé. De la matière végétale enfouie en condition anaérobie se dégrade mal et conduit à la production de composés toxiques. Il est donc indispensable de recommencer localement l'écobuage dans ces endroits. Du combustible non brûlé se repère par le fait que le sol sur la tranchée ne s'est pas affaissé, comme c'est le cas dans les endroits où la combustion a été complète.

Une fois la combustion totalement effectuée, il est nécessaire de combler les tranchées, qui sont alors en creux du fait de l'affaissement après la combustion de la biomasse. On remet ainsi à plat la parcelle, en prenant garde de bien repérer les lignes écobuées pour pouvoir y réaliser le semis. Ce travail de remise à plat permet également de contrôler les adventices annuelles (les vivaces ayant été contrôlées au préalable) qui auraient pu repousser entre les tranchées.

Si de la biomasse est encore disponible, le paillage des parcelles écobuées est très intéressant (contrôle des adventices, protection du sol, recharge en matière organique).

Auteur : Husson O. et al. (2013). Manuel pratique du semis direct sur couverture végétale permanente (SCV). Application à Madagascar. GSDM/CIRAD.

  1. Angady

    (terme malgache) sorte de bêche

  2. © K. Naudin

  3. © N. Moussa

  4. © N. Moussa

  5. ©Husson O.

Outils
Etapes+-