Les ingénieurs du sol
"La charrue est une des inventions les plus anciennes et les plus importantes de l'homme, mais, longtemps avant qu'elle n'existe, le sol était de fait labouré régulièrement par les vers de terre et il ne cessera jamais de l'être encore". Comme le disait Darwin en 1882, le rôle des vers de terre est essentiel à la structuration du sol, surtout en TCS[1].
En creusant un réseau de galeries, les lombrics favorisent la pénétration des racines dans le sol, l'infiltration de l'eau et la circulation de l'air en profondeur, ainsi que le réchauffement précoce du sol. Les galeries sont également des habitats propices aux champignons et bactéries.
D'autres organismes participent à la création de ce réseau complexe : les fourmis, les termites, mais également des microarthropodes (acariens, collemboles) qui réalisent, à une échelle plus faible, un micro-brassage du sol.
Grâce à cette diversité de taille, la structuration du sol est de plus en plus fine. Une telle organisation ne peut être recréée entièrement par un travail mécanique.
Brassage de la matière organique et agrégation
Les vers de terre dits "anéciques" (cf. Complément), en se déplaçant verticalement dans le sol, réalisent un véritable brassage de la matière : la matière organique[2] de surface est amenée en profondeur, tandis que la matière minérale du fond est remontée en surface. Il s'agit donc bien d'un "labour[3]" naturel. Mais en plus de la transporter, les lombrics ont une autre action sur la matière organique : en la digérant et en la rejetant sous forme de turricules[4], ils la mélangent à la matière minérale, formant des agrégats stables, et la rendent accessible aux racines des plantes. Les turricules et les parois des galeries sont des niches de biodiversité particulièrement riches en matière organique.
Un sol organisé en agrégats, bien aéré, est essentiel à l'échange de nutriments. Dans ce cadre, les champignons mycorhiziens ont également un rôle essentiel. Ils sécrètent de la glomaline, une gycoprotéine faisant office de "colle organique" enrobant les agrégats, et stabilisant les complexes argilo-humiques. On lui prête également une fonction épuratrice, car elle immobilise certains métaux lourds.
Complément :
Les différentes espèces de vers de terre n'ont pas toutes les mêmes effets sur la structuration du sol. On distingue trois classes :
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Il est intéressant d'observer les vers de terre pour connaître l'état de son sol. En effet, ce sont d'excellents bio-indicateurs.
On peut aussi s'intéresser à la notion de structure dans sa globalité.
Auteurs : Maëva BOURGEOIS, Elise COQUILLART, Morgane COURNARIE, Claire FASSINO
Superviseurs : Matthieu ARCHAMBEAUD et Stéphane DE TOURDONNET
Source : Cluzeau, 2002