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La typologie des espaces naturels français

Historique de la protection de la nature

Du patrimoine culturel au patrimoine naturel : extension de la notion de patrimoine

En France, la naissance de la prise en compte du patrimoine remonte à la Révolution française. Il concerne le patrimoine culturel et bâti. Dans un contexte de destruction des symboles de l'ancien régime sous la Révolution, la Convention de 1793 a fait naître le concept de "monuments historiques". Des prémisses d'inventaires et de classement préfigurent un contrôle de l'Etat et l'adoption de lois en faveur de leurs protections. L'écrivain Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques ou l'architecte Viollet-le-Duc sont les pionniers de ces opérations. Au 19ème siècle et par étape successive, la protection du patrimoine s'étend au patrimoine naturel, grâce à la naissance du tourisme et la découverte de paysages

L'idée de donner à des territoires la vocation de protéger le patrimoine naturel est d'abord anglo-saxonne. Elle se concrétisera avec le premier Parc national de Yellowstone crée en 1872 aux Etats-Unis. Il met l'accent sur la protection des paysages.

L'extension du champ du patrimoine naturel : le triomphe de la biodiversité

La notion de patrimoine naturel évolue avec les avancées de l'écologie. A l'origine, centré sur le paysage, il s'est élargi à la protection de la faune et de la flore en particulier aux espèces rares ou menacées. Depuis les années 1990, c'est le vocable de "biodiversité" qui a tout englobé et qui devient la finalité des espaces naturels en pus de milieux ou espèces remarquables. Le champ de la protection des espaces naturels s'est également ouvert au patrimoine culturel vernaculaire. La finalité de protection de la nature a évolué vers une gestion de la biodiversité.

La protection du patrimoine naturel : avec ou sans les hommes ?

Dès le début de la mise en place d'espaces naturels protégés, la question des activités humaines, dans ces territoires fait l'objet de nombreux débats qui justifient le degré de protection que l'on veut appliquer. Le terme de protection sous-entend une menace ou une pression de nature anthropique sur la faune ou la flore. Les pionniers scientifiques de la protection de la nature penchaient pour l'exclusion des activités humaines. Expérimentée dans les colonies françaises, la sanctuarisation a parfois abouti à des excès comme la confiscation de terres par la puissance publique.

DéfinitionLa protection remise en question par le développement durable

Aujourd'hui, la question a été traversée par le concept du développement durable. Les activités humaines sont tolérées à condition qu'elles ne portent pas atteintes à l'intégrité des milieux ou des paysages et qu'elles ne perturbent pas la faune. Ce concept apporte de grands bouleversements. Les scientifiques ou les gestionnaires d'espaces naturels ont vu leur légitimité remise en question. Désormais, ils doivent prendre en compte les interactions entre les hommes et la biodiversité, partager la gestion avec d'autres partenaires.

Dates-clés

L'histoire des civilisations est ponctuée d'actions en faveur de la protection des espaces et de la faune, il est difficile d'être exhaustif : citons l'Inde 300 ans avant JC et la préservation des éléphants, l'empire romain qui a protégé des forêts ou les royautés qui ont instaurés des réserves de chasses, "recyclées " en Parcs nationaux.

FRISE CHRONOLOGIQUE : DATES CLÉS

Frise chronologique

Dates-clés

FRISE CHRONOLOGIQUE : LÉGISLATION ET ÉVÉNEMENTS

Frise chronologique : Législation et événements

FondamentalLes premiers lobbys en faveur des parcs et réserves

Les premiers espaces naturels protégés voient le jour aux Etats-Unis à la fin du 19ème siècle. En France, le début du 20ème siècle, est caractérisé par une absence de volonté politique. Cette situation conduit des associations de tourisme (Touring Club de France, Club Alpin Français) et des scientifiques à militer pour la création de Parcs nationaux. L'association des "Parcs nationaux de France et des colonies" est crée dans le but de protéger des paysages exceptionnels et d'encadrer la fréquentation touristique. En 1913, une réserve "La Bérarde" située dans le massif alpin de l'Oisans est crée et gérée par cette association avec l'appui de l'administration des Eaux et Forêts qui a procédé à des acquisitions foncières. Mais l'aménagement touristique et le braconnage prennent le dessus au détriment de la protection des paysages et de la faune et de la flore. Les scientifiques vont alors se démarquer des associations touristiques et adopter une autre stratégie : acquérir des terrains pour les soustraire aux activités humaines, en particulier la chasse. Avec peu de moyens financiers 459 réserves de faible dimension seront instituées entre 1906 à 1930. Mais toutes ces actions sont entravées par le manque de volonté politique, la densité de population sur le territoire, le droit de la propriété individuelle.

FondamentalLes expérimentations coloniales : l'immensité des espaces

Les territoires coloniaux, en particulier l'Afrique noire, vont s'avérer plus propices aux premières expérimentations à grande échelle : de grandes surfaces peu ou pas habitées et des habitants qui n'ont pas de droits politiques ni de représentants. Les naturalistes vont revendiquer de fortes mesures de protection de type "réserve intégrale", face aux menaces qui pèsent sur la faune que sont la chasse, le braconnage ou l'exploitation forestière. Ces expérimentations coloniales vont constituer un savoir faire prêt à être transposé en métropole.

FondamentalLes années 1960 : des années fondatrices

En France métropolitaine, il faut attendre les années 1960 pour lancer sérieusement une politique de création d'espaces naturels protégés, à l'exception des réserves de chasse (statut juridique en 1934) et des réserves biologiques en forêt publique (1953) qui ont précédé. Or le contexte économique et social est plus marqué par l'industrialisation que par des préoccupations écologiques : équipement de la montagne pour un tourisme de masse en hiver ou intensification de la production agricole.

Dès le début, les statuts de protection privilégient la diversité des outils puisque sont crées les Parcs nationaux (1963 ) et les Parcs naturels régionaux (1967). La politique en faveur des espaces naturels se renforce dans les années 1970 avec le Conservatoire du Littoral (1975), les Réserves naturelles et les Conservatoire d'espaces naturels (1976), les arrêtés de protection de biotope (1977). Puis la tendance est à la décentralisation avec les Espaces naturels sensibles (1985), les reconnaissances internationales comme Natura 2000 (2001). Enfin dernière né, le Parc naturel marin (2006). La première génération de Réserves naturelles et de Parcs nationaux fait l'objet d'adaptation et d'évolution juridique respectivement en 2002 et 2006.

FondamentalA l'échelle du globe, une extension du nombre d'espaces naturels protégés

  • 209.429 aires protégées sont aujourd'hui comptabilisées dans la base de donnée des Nations Unis

  • 3,41% des zones marines du monde et 14% des zones terrestres et des eaux intérieures du monde sont actuellement protégées

  • 30 millions de km2 , soit une superficie plus grande que le continent africain

  • 65% des aires protégées sont situés en Europe soit 12% de la superficie totale en raison de leur faibles superficies.

Graphique représentant la courbe de croissance des aires protégées mondiales
Extension du nombre d'aires protégées dans le monde ©PNUE WCMC 2014

Le nombre d'aires protégées et/ou reconnues par les pays a doublé depuis 20 ans à chaque décennie : évolution des aires protégées terrestres et marines, en nombre de sites (barres vertes) et en superficie (km2, ligne bleue) depuis le premier Congrès Mondial sur les Parcs en 1962.

Les objectifs de la Convention sur la Diversité Biologique de 2010 : le classement de 17% des zones terrestres et de 10% des zones marines et côtières en aires protégées en 2020.

Graphique représentant l'évolution des superficies en 2015 et 2020 des aires protégées mondiales
La superficie d'aires protégées dans le monde en % ©Aten

FondamentalUne diversification des formes de gouvernance

Les types de gouvernance et de gestion varient selon les continents :

  • Europe : la gouvernance par les États (ministères ou agence nationale, fédérale) est le plus largement répandue. L'organisation administrative se révèle extrêmement diverse d'un pays à l'autre. Les variables étant principalement le degré de centralisation et de fédéralisme, le contexte culturel semble secondaire ,

    En France, la majorité des créations d'espace naturel protégé relève d'une décision de l’État, la gestion est de plus en plus confiée à des échelons décisionnels locaux, intégrant des acteurs locaux. Et ce depuis plus de 40 ans,

  • Océanie et Afrique : la gouvernance partagée (multipartenaire) est privilégiée,

  • Amérique du Nord : plutôt recours à une gouvernance privée (ONG, sociétés),

  • Amérique du Sud et Amérique Centrale : la gouvernance par les peuples autochtones et les communautés locales est plus importante.

On assiste aussi à une montée en puissance des ONGs globales et de programmes internationaux avec bailleurs de fonds.

Mappe monde illustrant la localisation des aires protégées
Localisation des aires protégées dans le monde ©Nations Unies
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