Épidémie de sharka

Le développement d'une épidémie de sharka (progression du nombre d'arbres infectés dans le temps et l'espace) résulte d'interactions complexes entre de nombreux processus biologiques impliquant les populations de virus, de plantes hôtes et de pucerons vecteurs dans un paysage agricole et dans des conditions climatiques donnés. De plus, les interventions humaines (introduction d'inoculum, arrachages des arbres contaminés...) impactent ces processus biologiques.
L'un des facteurs majeurs conditionnant la vitesse avec laquelle la virose se propage dans un verger est la latence, c'est-à-dire le temps nécessaire pour qu'une plante infectée devienne infectieuse et donc source de virus. La durée de la latence est assez mal connue et dépend de nombreux facteurs comme par exemple l'espèce de Prunus, l'âge de l'arbre et son état physiologique. Les durées estimées indiquent que celle-ci peut varier entre une et plusieurs années.
Une fois l'arbre infectieux, celui-ci le restera durant toute sa vie, et notamment durant chaque période végétative (il peut l'être aussi en hiver au cours de la dormance hivernale si la transmission du virus est réalisée par le prélèvement de greffons contaminés). La répartition et la concentration du virus dans les arbres infectés et la durée d'infectiosité au cours de la saison végétative vont notamment moduler la vitesse de propagation de l'épidémie. Ces paramètres peuvent varier selon la souche, l'isolat et l'espèce de Prunus. Ainsi, il a été montré que la souche PPV-M est particulièrement épidémique sur pêcher du fait d'une durée de latence plus courte, d'une meilleure généralisation du virus dans la plante infectée et d'une durée d'infectiosité plus longue au cours de la saison végétative.
La dissémination du virus dans les vergers intervient lorsque les pucerons ailés sont à la recherche d'une plante hôte, un comportement commun à toutes les espèces de pucerons. Au cours de cette phase, les pucerons passent d'une plante à une autre avant de trouver celle qui leur convient en réalisant des piqûres d'essai rapides. Il s'agit donc majoritairement de vols courts entre plantes proches, éventuellement allongés par des turbulences de vent. La fonction de dispersion (fréquence relative de dissémination à différentes distances) du virus par les pucerons est importante à connaître, notamment pour optimiser la gestion de la maladie (distances de surveillance et de protection des pépinières[1] par exemple) mais elle est particulièrement difficile à estimer précisément, les trajectoires des pucerons infectieux ne pouvant pas être directement suivies.
Les distances de dispersion sont donc déduites de la répartition spatiale des cas de maladie. Les données publiées concernent essentiellement la répartition spatiale d'arbres infectés par des isolats des souches PPV-M et PPV-D à l'échelle des vergers (ou de vergers contigus) situés dans différents contextes agro-écologiques. Elles suggèrent des distances moyennes de dissémination de quelques dizaines de mètres et des distances maximales de quelques centaines de mètres.