1.1. Des espèces sauvages aux races et lignées
Origine des populations d'animaux domestiques
Les populations d'animaux domestiques utilisées aujourd'hui en élevage sont issues d'espèces sauvages domestiquées pour la plupart entre 15 000 et 5 000 ans BP (before present, revoir comment mentionner les dates).
Définition : Espèce
Espèce : définition en biologie : « Si des individus d'une population s'accouplent entre eux mais pas avec les individus d'une autre population, ils constituent un groupe de reproduction isolé dans lesquels les gènes se recombinent. Ce sont des unités évolutives indépendantes. Ces groupes évolutifs sont habituellement appelées espèces » (Purves et al., 2000. Le monde du vivant).
En sciences animales, il convient de préciser que les produits de l'accouplement de deux individus sont féconds (sous-entendu dans la définition précédente), c'est-à-dire produisant des gamètes fertiles et donc capables de se reproduire.
Définition : Domestication / espèces domestiques
C'est le processus de domestication qui fait passer une espèce du statut de sauvage à celui de domestique. Élevé de génération en génération sous la surveillance de l'homme, les conséquences de ce processus de sélection finissent par être considérables pour les animaux, au plans anatomique, physiologique, comportemental et génétique (Denis, 2004). Cet auteur retient trois conditions qui lui paraissent nécessaires pour caractériser un animal domestique :
- un certain degré d'apprivoisement, qui doit normalement aller jusqu'à l'entretien d'un minimum de relations sociales avec l'Homme,
- un contrôle de la reproduction par l'Homme, qui va de pair avec la mise en oeuvre d'une sélection visant à l' “ amélioration” des animaux,
- une utilisation des animaux : un animal inutile ne saurait être domestiqué ou ne le reste pas.
Evolution des populations
Ces populations ont évolué au cours du temps, sous l'effet de deux facteurs : la sélection naturelle et la gestion des populations par les éleveurs.
La sélection naturelle correspond à des facteurs biotiques (agents pathogènes...) et abiotiques (climat...), liés aux conditions dans lesquelles les animaux sont élevés, qui font que certains individus ne vont pas participer à la reproduction au sein de la population (mortalité avant l'âge de se reproduire par exemple).
La gestion par les éleveurs correspond à la sélection artificielle (certains individus sont écartés de la reproduction en fonction de différents critères, comme la taille ou le comportement) et à la migration (voir génétique des populations), qui consiste à introduire dans la population des reproducteurs venant d'une autre population.
Au moment de la domestication au Néolithique, une espèce sauvage a donné naissance à différentes « races primaires » (diapo 7).

Ces races primaires se sont différenciées notamment en fonction des grandes zones géographiques où elles ont été élevées après la domestication.
Du Néolithique à la fin du XVIIIème siècle, ces races primaires ont évolué sous l'effet
de la sélection artificielle empirique des éleveurs,
de la sélection naturelle liée aux milieux dans lesquels ces populations étaient élevées
et aux croisements entre populations réalisées, notamment à l'occasion d'échanges commerciaux et de migrations humaines.
Au XIXème siècle, suite aux travaux précurseurs de grands propriétaires de domaines agricoles en Grande Bretagne (Bakewell, les frères Collins...), une multitude de races dites à standard sont créées dans différents d'Europe occidentale et aux USA.
Définition : Race (au sens zootechnique)
Une race est une population d'animaux présentant
des caractères extérieurs (robe, cornage,...)
des aptitudes (production de lait, de viande...),
relativement semblables,
codifiés sous forme d'un « standard de race »
Le standard de la race
Le standard de la race correspond à la description de l'animal jugé idéal dans la race.
Ce sont des groupes d'éleveurs qui ont décidé de la création d'une race « à standard ». Ils définissent quel est l'animal idéal dans la race, décrit sous forme du standard. Les animaux qui s'éloignent trop de cet idéal sont exclus de la race.
Par exemple, au XIXème siècle, des éleveurs du Nivernais ont décidé de créer la race bovine Charolaise. Ils ont décidé que seuls les animaux de robe uniforme de couleur banche ferait partie de la race (« marque de fabrique » de la race). Seuls les animaux blancs sont admis dans la race. Au fur et à mesure, il y a eu fixation du caractère robe blanche (déterminés par un petit nombre de gènes) dans la race. (Vus pouvez aller consulter le standrad de la race Charolaise sur internet à l'adresse suivante : http://www.charolaise.fr/Caracteristiques)
La création d'une race zootechnique est donc une décision humaine, reposant sur des processus biologiques (détermination génétique de certains caractères recherchés dans la race).
Développement des races à standard
Les races à standard ont été développés au XIXème siècle essentiellement sur la base de caractères extérieurs (robes, cornage...) et d'aptitudes (pour le travail, la production de viande, le lait) appréciées visuellement (format de l'animal, développement de la mamelle...).
Au début du XXème siècle (diapo 7)[1] se mettent en place des contrôles de performance (contrôle laitier et beurrier au Danemark en 1907). Ceux-ci vont permettre de sélectionner les animaux sur leurs performances propres et celles de leurs parents (contrôle sur descendance de la valeur laitière des taureaux par exemple).
Le développement en parallèle de la génétique (et notamment la génétique quantitative) et la maîtrise de la reproduction (insémination artificielle) va permettre la mise en place de « schéma de sélection » sur les performances. Cette sélection, non plus empirique, mais reposant sur des savoirs scientifiques, va être très efficace pour spécialiser certaines races, vers la production laitière ou la production de viande.
Ces races spécialisées, améliorées, vont alors prendre le pas sur les autres races qui vont être délaissées.
Exemple : Bovins
Ainsi, en bovin, les populations Freisian-Holstein, vaches pie-noire, spécialisée dans la production laitière, originaire de la Frise et du Holstein, vont être sélectionnées dans différents pays (USA, Canada, Hollande, Allemagne, France...), avec des échanges de semences de taureaux entre ces pays et se répandre dans de nombreux pays.
Développement de lignées spécialisées
En aviculture, la sélection de populations d'animaux hyper-spécialisées a été encore rendu possible par les courts intervalles de génération et le nombre de descendant par femelles et par an (autorisant une très forte pression de sélection).
Ces populations sont créées et entretenues par une entreprise (et non plus par un ensemble d'éleveurs, comme en élevage bovin). Ces populations constituent des « souches » ou « lignées », spécialisées pour la ponte ou pour la chair.