Les conditions de l'introduction qui favorisent l'installation des espèces introduites
Les facteurs liés aux conditions de l'introduction sont souvent cités comment primordiaux pour expliquer le succès des invasions. Ces facteurs sont réunis sous le terme de «pression de propagule» qui sous-entend plusieurs éléments:
- La fréquence des introductions : La fréquence des introductions augmente la probabilité de survie et d'installation des individus introduits (au stade de développement adéquat) dans le nouvel environnement.
La fréquence d'introduction est directement liée à la fréquences des échanges de matériel végétal susceptible d'abriter des bio-agresseurs. On s'aperçoit par exemple que beaucoup d'insectes invasifs provenant d'Amérique du Sud ont tout d'abord transité par l'Espagne du fait d'échanges historiques, culturels et commerciaux importants entre ces deux zones.
- La quantité d'individus introduits lors de chaque échange : Plus le nombre d'individus sera important, plus la proportion d'individus susceptibles d'être adaptés aux nouvelles conditions sera grande et la sélection de ces individus « bien adaptés » rapide.
Remarque :
D'autres facteurs facilitant les introductions interviennent au moment des échanges. Il s'agit notamment de la difficulté à repérer les organismes nuisibles présents sur et dans le végétal introduit. Certaines formes de développement (œufs, larves microscopiques) d'arthropodes sont ainsi difficilement repérables à l'œil nu et nécessitent une inspection sous loupe. Dans le cas des agents pathogènes, le matériel végétal infecté peut ne présenter aucun symptôme de maladie (période d'incubation[1]). Dans ce cas, seul le recours à des méthodes d'analyses, le plus souvent moléculaires, peut permettre la détection d'un agent pathogène. Des taux d'infection très faibles mais cependant capables de déclencher ensuite des épidémies au champ, peuvent rendre la détection très difficile à moins de réaliser un échantillonnage très intensif (cas de certaines maladies bactériennes transmises par les semences).
- Les formes introduites : toutes les formes introduites ne permettront pas forcément d'aboutir à une population viable.
Dans le cas des arthropodes, si des œufs ou des stades immatures correspondant à un seul sexe sont introduits, alors aucune descendance ne sera assurée et l'espèce introduite disparaîtra.
De plus, les taux de survie pendant les trajets, ou après les introductions peuvent être différents selon les stades. Ainsi si le stade introduit est résistant aux conditions climatiques nouvelles, alors ses chances d'invasion seront supérieures à celle d'un stade sensible à ces mêmes conditions.
Par ailleurs, certains organismes ont la capacité de pouvoir survivre plus ou moins longtemps sans développement et alimentation. Par exemple, de nombreux champignons produisent des propagules résistantes au stress abiotique ce qui représente un avantage. Ainsi chez les Ascomycètes, les organes de la reproduction sexuée (périthèces, cléistothèces) qui portent les asques sont des organes de conservation .
On peut citer aussi les chlamydospores[2] qui sont des spores[3] de multiplication végétative avec une épaisse paroi. Par exemple, les chlamydospores de Fusarium oxysporum f.sp albedinis agent responsable de la maladie du Bayoud du palmier dattier peuvent se conserver de longues années dans le sol à des profondeurs de plus de 1 mètre.
On peut synthétiser les facteurs favorables qui agissent au moment de l'introduction par le schéma suivant :