L'analyse et la gestion du risque phytosanitaire : Quels sont les connaissances scientifiques et les outils indispensables ?

Les maladies des Prunus

De nombreux agents pathogènes (virus, viroïdes, phytoplasmes, bactéries, champignons) et ravageurs peuvent affecter la qualité sanitaire des Prunus. Les virus, viroïdes et phytoplasmes sont transmis par greffage ce qui permet leur dispersion potentielle à grande échelle via les échanges commerciaux. Vous pouvez écouter une interview de Christine Colas du SRAL Languedoc-Roussillon.

  • Les virus : ce sont les plus nombreux, avec au moins une quarantaine d'espèces différentes identifiées appartenant à 11 genres et 6 familles différents. L'impact économique peut être particulièrement important selon le mode de dispersion de ces agents pathogènes et la gravité des dégâts provoqués (impact sur la longévité des arbres et sur leur productivité ou sur la qualité de la production).

    A l'échelle du verger, la dissémination des virus est plus ou moins importante selon les modes de transmission (transmission par vecteur biotique, par le pollen et la graine). De nombreux virus affectant les Prunus sont transmis par nématodes (Népovirus) mais ceux-ci n'induisent généralement pas d'épidémies rapides en verger du fait de la faible mobilité de ces vecteurs dans le sol. Au contraire, les virus transmis par vecteur aérien (acarien, cochenille et pucerons dans le cas de ces virus) ou par le pollen (dont la dissémination est assurée par les insectes butineurs) présentent des potentialités de dispersion plus élevées mais celles-ci seront très dépendantes de la mobilité du vecteur. Le virus de la sharka (Plum pox virus) transmis par pucerons est l'un des virus les plus graves, de par son impact sur la production fruitière et de sa dynamique épidémique élevée. Ce pathosystème est présenté en détail ci-après.

    Certains de ces virus font l'objet d'une réglementation spécifique dans la directive européenne 2000/29 CE : 6 virus sont interdits d'entrée sur le territoire de l'union européenne quelle que soit la plante concernée (Annexe I, A1) et 2 virus sont interdits d'entrée lorsqu'ils sont présents sur des Prunus (Annexe II, A1 et A2).

  • Les phytoplasmes : Au moins quatre peuvent infecter les Prunus, dont 3 sont réglementés à l'échelle européenne (tableau 1).

    Sur les arbres fruitiers à noyau, l'enroulement chlorotique de l'abricotier, provoquée par Candidatus phytoplasma prunorum est l'une des maladies les plus graves. Ce phytoplasme induit des désordres physiologiques (débourrement précoce, raccourcissement des entre-nœuds, enroulement des feuilles) et un dépérissement entrainant la mort prématurée des arbres atteints (essentiellement abricotier et prunier japonais pour les espèces cultivées).

    Dans le compartiment sauvage ou subspontanné, le prunellier (Prunus spinosa) et le prunier myrobolan (Prunus cerasifera) sont des réservoirs importants de phytoplasme pour les vecteurs. En effet, outre sa transmission par voie végétative, le phytoplasme est disséminé par des psylles (Cacopsylla pruni) capables de réaliser des vols migratoires de plusieurs dizaines de kms entre les Prunus et les conifères sur lesquels ils estivent et hivernent. La transmission est de type persistante multipliante, les psylles n'étant infectieux qu'à leur retour sur Prunus au printemps (latence de 8 mois dans l'insecte). Dans ce contexte, un des moyens de lutte vise est la protection des Prunus cultivés par un traitement insecticide avant floraison au moment de l'arrivée des insectes infectieux ré-émigrants.

Cycle biologique du psylle vecteur du phytoplasme Candidatus phytoplasma prunorumInformationsInformations[1]
  • Champignons et bactéries : De nombreux champignons et bactéries peuvent avoir un impact significatif sur les Prunus ou sur leur production. Parmi ces pathogènes, trois bactéries sont réglementées sur Prunus dans la directive européenne 2000/29 CE : Pseudomonas syringae pv. persicae, Xanthomonas arboricola pv. pruni et Xylella fastidiosa, cette dernière étant responsable de la grave maladie de Pierce sur vigne mais dont certains pathovars provoquent des maladies sur Prunus, comme la maladie du « phony peach » sur pêcher, de l'échaudure des feuilles du prunier ou de la brûlure foliaire sur amandier.

  1. Sauvion et al.2012 Phytoma numéro 654 : 28-32

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