La diminution, voire la suppression, des perturbations mécaniques du sol ainsi que la présence de résidus (de cultures et de couverts) à sa surface conduisent à de profondes modifications du fonctionnement de l'agrosystème pour deux raisons principales :
l'instauration progressive d'un gradient vertical de concentration en matière organique qui s'accumule en surface. La couche protectrice de résidus laissés en surface (mulch) modifie fondamentalement les conditions du milieu, les flux d'eau et de chaleur. Cela modifie les processus bio-géo-chimiques à l'origine des fonctions de recyclage, de stockage et de transformation des éléments qui participent à la qualité, à la fertilité des sols et remplissent des fonctions écologiques. On observe en particulier un ralentissement de la minéralisation, un accroissement du taux de matière organique et du stockage du carbone dans les sols. Le mulch permet une protection physique de la surface du sol contre les agressions climatiques qui, combinée à une plus grande stabilité des agrégats due à l'accroissement de la teneur en matière organique en surface, permet de lutter très efficacement contre l'érosion et la battance, que ce soit en conditions tropicales ou en conditions tempérées.
l'apparition d'un habitat beaucoup plus favorable aux organismes du sol dont le nombre, la diversité et l'activité augmentent souvent. De nombreuses études (Holland, 2004 ; de Tourdonnet, 2008a ; Blanchart, 2010 ; Scopel et al., 2012) ont montré que les communautés d'organismes vivants du sol sont différentes (i) selon le niveau d'intensité du travail du sol, (ii) l'âge du système sans travail du sol (iii) des cultures et de la qualité des résidus apportés. Ces modifications des communautés et des activités biologiques entraînent des modifications de la dynamique de la matière organique et de la structure (création de porosité biologique), et donc du fonctionnement global du sol.
Ces modifications sont de nature à fournir des services écosystémiques importants comme l'accroissement de la biodiversité et de la qualité des sols, la lutte contre l'érosion ou le stockage du carbone.
Remarque : Remarque
Plus de détails sur ces processus sont disponibles dans des articles et documents de synthèse : Kladivko, 2001[1] ; Holland, 2004[2] ; de Tourdonnet et al., 2006[3] ; Labreuche et al., 2006[4] ; de Tourdonnet, 2008a[5] ; Scopel et al., 2012[6]).
Auteur : Stéphane de Tourdonnet
Sources :
de Tourdonnet, S., Brives, H., Denis, M., Omon, B., and Thomas, F. (2014). Accompagner le changement en agriculture : du non labour à l'agriculture de conservation. Agriculture, Environnement & Sociétés 3 (2), 19-28.