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Les plantes de couverture

Recyclage et fixation d'éléments minéraux

Un couvert végétal sert à capter les éléments minéraux et à les restituer à la culture suivante au cours de sa dégradation. Toutefois, chaque couvert présente ses propres caractéristiques qui lui confèrent une certaine absorption de minéraux. Pour raisonner la fertilisation[2], il est utile de connaître la composition initiale du sol en minéraux, les apports par l'interculture[1] et les besoins de la culture principale. Une analyse de sol peut donc être associée au raisonnement sur le choix du couvert.

Les légumineuses présentent la particularité de fixer l'azote. D'autres familles, comme les crucifères, peuvent rendre disponibles le phosphore, le potassium ou le soufre.

Pour faciliter le gestion des résidus[3], il existe un modèle permettant de calculer les apports d'un couvert végétal.

Les différents objets de cette partie sont :

  • Le recyclage et la fixation de l'azote

  • Le recyclage et la fixation des autres minéraux

  • Un modèle de calcul

Complément

Le recyclage et la fixation d'éléments minéraux agissent directement sur la fertilité chimique du sol. Plus d'informations sont disponibles dans le grain pédagogique "Sol"

Recyclage de l'azote

L'azote existe sous de nombreuses formes, dont les formes suivantes :

  • nitrates (NO3-) : c'est la forme assimilable par les plantes. Elle n'est pas retenue dans le sol et donc facilement lessivée.

  • ammoniac (NH4+) : l'ammoniac est transformé en nitrate par l'activité biologique[4] du sol. Il est retenu par le sol mais moins absorbé par plantes que les nitrates.

  • diazote (N2) : 80% de l'air est en fait du diazote. Cette forme, très stable, n'est transformée que par les légumineuses.

  • azote organique : une fois assimilé par une plante, l'azote est retenu sous forme organique dans des molécules comme les protéines.

Les plantes de couverture ont en général pour rôle d'absorber les nitrates, donc de stocker l'azote dans les protéines pendant l'interculture[1], puis de le restituer à la culture suivante, au fur et à mesure de la dégradation du couvert.

Les légumineuses peuvent avoir comme rôle supplémentaire d'assimiler l'azote atmosphérique et donc de servir d'engrais dans un mélange de plantes de couverture et pour la culture suivante.

Couvert en association avec une légumineuse

Exemple d'association Crucifère/Légumineuse : Radis fourrager + Lentille noirâtre ©arvalis-infos.fr

En assimilant l'azote atmosphérique, les légumineuses empêchent le déséquilibre C/N du sol et dynamisent l'activité biologique. En effet, lors de l'enfouissement des pailles, il y a consommation d'azote pour leur dégradation.

Toutefois, l'association des légumineuses avec d'autres plantes de couverture peut permettre de booster l'assimilation d'azote. Prenons l'exemple d'une association crucifère et légumineuse. La crucifère va consommer une grande partie de l'azote du sol présent sous forme de nitrate. Ainsi la légumineuse ne pourra utiliser que de l'azote atmosphérique, ce qui va accélérer son assimilation. Le mélange permet alors une très bonne production d'azote.

Recyclage des éléments minéraux autres que l'azote

Phosphore

Le phosphore, comme l'azote, est un élément indispensable à la croissance et au fonctionnement des plantes. Il sert notamment à stocker l'énergie. Il n'existe qu'une seule forme assimilable par les plantes : le phosphate. Cette forme n'est stable qu'entre des pH de 6,4 et 7. Dans la majorité des cas, le phosphore est présent dans les sols sous des formes plus stable que le phosphate. C'est pourquoi l'apport de phosphore dans des engrais minéraux ou organiques est souvent indispensable. Toutefois, certaines bactéries sont capable d'assimiler ces formes de phosphore pour libérer ensuite du phosphate.

"L'aide apportée par les micro-organismes[5] s'avère particulièrement précieuse lorsque les éléments nutritifs sont plus difficiles à absorber parce que « piégés » au niveau du sol. On pense tout de suite au phosphore dont seulement 10 % de la quantité totale contenue dans le sol est sous forme d'ions assimilables (HPO42- et H2PO4-) par la plante. Le reste est intimement lié à d'autres éléments comme le calcium, le fer ou l'aluminium. Rappelons qu'avant de requérir l'aide d'organismes du sol, la racine utilise déjà divers mécanismes pour désorber les ions piégés : l'acidification du milieu via l'émission d'ions H+, l'exsudation d'acides organiques mais aussi l'émission d'enzymes, appelées phosphatases (ces dernières servent à hydrolyser le phosphore d'origine organique).

Chez de nombreux végétaux, la faible concentration en phosphore assimilable entraîne aussi la libération, par les racines, de composés phénoliques dont certains ont des propriétés antibiotiques. Ils permettent de limiter le développement de micro-organismes pathogènes et empêchent les micro-organismes de la rhizosphère de dégrader les composés organiques émis par la racine impliqués justement dans l'assimilation du phosphore... Les dicotylédones utilisent ainsi ce processus pour augmenter leur absorption de fer, élément naturellement peu soluble et difficilement assimilable." Racines et sol : un monde de communications et d'équilibres Cécile Waligora - TCS n°57 ; mars/avril 2010

RemarqueRemarque

Le tournesol, le sarrasin et la moutarde sont particulièrement actives pour capter le phosphore.

Potassium

Le potassium (K) est un élément nécessaire à la croissance des plantes au même titre que l'azote. Il est souvent apporté par engrais dans la culture principale. Les plantes de couverture peuvent permettre, lors de leur dégradation, de restituer du potassium. Ce serait particulièrement le cas pour les crucifères.

Soufre

Facilement oublié, le soufre est un élément nécessaire au fonctionnement de la plante, au même titre que le NPK.

Le soufre est présent dans le sol sous forme de sulfates. L'utilisation de couvert végétaux peut permettre le stockage de soufre.

Certaines plantes, comme les crucifères, ont la capacité de stimuler la synthèse d'enzymes microbiennes. Ces dernières rendent alors le soufre disponible pour la plante. Ainsi, l'engrais reste efficace plus longtemps.

Calcul des retours

Après destruction, les plantes de couverture restent sur place où elles sont peu à peu décomposées par les organismes du sol. Ainsi, les nutriments qui les composent se retrouvent disponibles pour la culture principale au fur et à mesure de la dégradation du couvert. Il est donc intéressant de connaître les quantités qui seront disponibles pour la culture principale, c'est ce qu'on appelle le calcul des retours ! Cela peut permettre une meilleure gestion des apports de fertilisants. Le modèle MERCI permet d'appréhender ces quantités.

Mulch sous maïs (©Équipe projet ingénieur)[6]

Auteurs : Maeva BOURGEOIS, Elise COQUILLART, Morgane COURNARIE, Claire FASSINO

Superviseurs : Matthieu ARCHAMBEAUD et Stéphane DE TOURDONNET

  1. interculture

    Période qui sépare la récolte d'une culture du semis de la culture suivante.

  2. Fertilisation

    Apport de substances chimiques ou organiques dans le sol ou à la culture afin d'augmenter les rendements. On distingue les engrais minéraux qui sont directement assimilables par la plante, et les engrais organiques qui doivent être minéralisés par les microorganismes du sol pour pourvoir être utilisés par la plante. On appelle fertilisation starter un apport d'éléments directement assimilables par la future plantule au moment du semis.

  3. Résidus

    Déchets agricoles, suite à la récolte, qui sont laissés au champs (chaumes, menues pailles, ...). Ils participent à l'obtention d'une matière organique stable qui participe à la structuration du sol.

  4. Activité biologique

    L'activité biologique d'un sol est l'ensemble des réactions réalisées par les organismes vivants. Plus elle est active, plus les échanges entre la plante et le sol seront facilités, et plus la structure du sol sera favorable à l'infiltration d'eau et à la pénétration des racines.

  5. Microorganisme

    Être vivant non visible à l'œil nu (sauf pour certaines espèces de champignons) qui participe aux processus biologiques. On distingue parmi eux trois grands groupes : les bactéries, les levures et les mycètes (champignons). Certains ont une action positive vis-à-vis de l'agriculture, d'autres non (bioagresseurs).

  6. Equipe PEI

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