L'analyse et la gestion du risque phytosanitaire : Quels sont les connaissances scientifiques et les outils indispensables ?

Mesures de contrôle inappropriées et mauvaise allocation des ressources entre surveillance et lutte

  • Des programmes d'éradication peuvent échouer si les mesures de lutte mises en place sont inadaptées ou insuffisantes. Dans le cas des agents pathogènes, l'élimination des hôtes potentiellement infectés mais pas encore infectieux (et souvent encore asymptomatiques) est souvent essentielle pour enrayer la dynamique épidémique. Cibler seulement les hôtes malades est effectivement rarement efficace car les plantes encore asymptomatiques et non infectieuses peuvent le devenir et participer à la progression de l'épidémie pendant un certain temps avant d'être détectés. La détermination du rayon d'arrachage (surface d'exposition potentielle des plantes à l'inoculum) n'est pas chose triviale et demande une très bonne connaissance des potentialités de dispersion de l'organisme nuisible.

  • L'allocation des ressources entre effort de surveillance et intensité de la lutte est une problématique complexe mais conditionne fortement la réussite d'un programme d'éradication quand les ressources budgétaires sont limitées. Le recours à des modèles de simulation est souvent un gage de réussite car ils permettent de tester différentes stratégies in silico avant une mise en œuvre concrète sur le terrain.

Complément

Des travaux de modélisation ont cherché à optimiser les efforts dédiés à la surveillance et ceux dédiés à la lutte dans le cadre d'un programme d'éradication de Phytophtora ramorum (responsable de la maladie de la mort subite du chêne) dans les forêts californiennes contenant plusieurs espèces hôtes sensibles. Lorsque les ressources budgétaires sont limitées, le modèle montre qu'il est préférable d'allouer un effort moyen de surveillance pour un contrôle optimal de la maladie. Des efforts de surveillance trop faibles mais aussi trop élevés ne permettent pas de contrôler la progression de la maladie. Une petite modification du ratio allocation des ressources pour la surveillance et allocation pour la lutte peut profondément modifier l'efficacité de la stratégie d'éradication.

Dynamique d'infections par Phytopthora ramorum sur chêne (exprimés en proportion d'arbres non atteints) pour différentes valeurs de sensibilité de surveillance α à budget limité. Une surveillance de faible intensité (α=0,01) ou de forte intensité (α=0,5) ne permet pas de contrôler efficacement la maladie (les dynamiques avec ou sans contrôle sont identiques). Pour un effort faible de surveillance, de nombreux cas restent non détectés et participent à la progression de l'épidémie. Au contraire, une surveillance trop élevée ne laissera plus de ressources disponibles pour la lutte. Pour des valeurs intermédiaires de surveillance, l'efficacité de la lutte peut varier fortement.InformationsInformations[1]

Pour en savoir plus, vous pouvez accéder à l'article scientifique original en cliquant ici [http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0012317]

  1. (d'après Ndeffo Mbah & Gilligan, 2010 Plos One e12317).

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