Solutions futures : utiliser du matériel résistant
Les difficultés associées à la sélection pour la résistance
Face à la propagation et à l'installation du virus dans nombres de régions à vocation fruitière, l'utilisation de cultivars de pêchers, abricotiers et pruniers résistants au virus de la sharka apparaît comme le meilleur moyen de limiter son impact sur la production fruitière.
Cette approche se heurte cependant à des difficultés de plusieurs ordres :
Les sources de résistance au PPV sont limitées chez les Prunus et présentes chez des espèces sauvages apparentées ou chez des cultivars mal adaptés aux conditions de culture, notamment françaises.
Ces sources de résistance ont un caractère souvent polygénique rendant leur mise en œuvre particulièrement compliquée
Les caractéristiques biologiques et génétiques des Prunus (plantes pérennes à temps de génération long, génomes complexes comme celui du prunier domestique qui est un hexaploïde) rendent le processus de sélection long et complexe.
L'évaluation phénotypique est lourde, du fait de l'encombrement des plants et de la variabilité dans l'expression de symptômes qui impose de tester plusieurs fois chaque génotype sur plusieurs cycles de végétation pour obtenir des résultats fiables.
La situation sur les principales espèces de Prunus
Dans ce contexte, la création de variétés résistantes à la sharka est longue et difficile mais peut être accélérée par la mise en œuvre d'une sélection variétale assistée par marqueurs ciblant ou approchant les gènes d'intérêt agronomique (forme du fruit, résistance à la sécheresse, etc..) et ceux impliqués dans la résistance au virus.
Sur abricotier, cette approche est mise en œuvre avec succès pour l'abricotier pour lequel on dispose d'une série de marqueurs proches des gènes majeurs impliqués dans la résistance au PPV.
Il n'en est pas de même pour le pêcher chez lequel tous les matériels testés se sont avérés sensibles. L'identification de résistances au PPV chez les espèces apparentées au pêcher, notamment le Prunus davidiana et l'amandier (Prunus dulcis) est prometteuse mais l'utilisation de ces sources de résistance à des fins de création variétale chez le pêcher nécessitera de nombreux croisements pour revenir à des caractéristiques intéressantes.
Chez le prunier, aucune résistance totale au virus n'a été démontrée. Une résistance de type hypersensibilité (multiplication possible du virus localement mais blocage de son mouvement par mort cellulaire des tissus infectés) a été identifiée chez certains cultivars. Cependant, la possibilité de développer des variétés résistantes à la sharka à partir de ces variétés hypersensibles est fortement contrainte par la complexité du génome du prunier (hexaploïde) et par la biologie de l'espèce (temps de génération de 6 à 8 ans). Une alternative pourrait être de faire appel à des techniques de biotechnologie (transgénèse) comme démontré dans le cas de la variété ‘HoneySweet' en cours d'homologation aux Etats Unis. Mais en Europe cette approche se heurte à la réticence des consommateurs face aux plantes génétiquement modifiées.
Enfin, une approche alternative, développée dans les pays où la maladie est endémique mais incompatible avec des tentatives de contrôle de sa dissémination, repose sur l'utilisation de variétés tolérantes. Ces variétés présentent peu ou pas de symptômes sur fruits mais participent à la dissémination active de la virose puisque la réplication du virus n'est pas modifiée par rapport à des plantes sensibles.