L'analyse et la gestion du risque phytosanitaire : Quels sont les connaissances scientifiques et les outils indispensables ?

Produire du matériel sain

La production de plants sains est une étape primordiale dans la gestion de la maladie. Les plants des espèces fruitières à noyau sont produits par multiplication végétative : un plant fruitier est obtenu par greffage d'une variété donnée (bourgeon) sur un porte-greffe obtenu par semis, bouturage ou par micro-propagation in vitro. Afin d'éviter les contaminations, il est donc indispensable d'utiliser des greffons et des porte-greffe exempts de virus et de protéger les différents matériels de multiplication (plant initial, arbres donneurs de greffons, porte-greffe) et plants greffés d'éventuels pucerons infectieux, en éloignant les parcelles de tout foyer connu de sharka ou en utilisant des structures/serres « insect-proof » qui ne laissent pas passer les pucerons.

La directive 2000/29/CE

Le PPV étant un organisme de quarantaine, la circulation de plants de Prunus en Europe est soumise à réglementation (directive 2000/29/CE) afin d'éviter la dissémination de la sharka via les échanges commerciaux.

  • L'annexe IV indique les conditions requises pour la multiplication de matériel végétal du genre Prunus : les plants doivent avoir été produits dans une zone indemne de sharka. Si ce n'est pas le cas, ils doivent être produits dans le cadre d'un schéma de certification fruitière assurant l'état sanitaire du matériel végétal. A défaut, le matériel végétal doit être issu d'un matériel conservé dans des conditions appropriées et contrôlé par au moins un test officiel au cours des trois dernières années. De plus, aucun symptôme de sharka ne doit avoir été observé sur le lieu de production des plants ainsi que dans l'environnement immédiat depuis le début des trois dernières années. Si ces exigences sont respectées et que les contrôles réalisés sont favorables, le matériel peut alors circuler librement avec un passeport phytosanitaire européen (PPE).

  • L'introduction en Europe de plants de Prunus multipliés dans des pays non européens est généralement interdite à l'exception de quelques pays. Si leur introduction est autorisée, les conditions requises sont identiques à celles précédemment indiquées pour les plants de Prunus multipliés en Europe. Du matériel non conforme aux exigences de la directive 2000/29 CE peut être cependant introduit en Europe s'il est introduit pour des objectifs de recherche et de sélection (pépiniéristes obtenteurs, chercheurs). Dans ce cas, le matériel doit obligatoirement être testé dans une station de quarantaine.

Vidéo Jean Emmanuel GERBAULT
  • Si cette réglementation a le mérite d'exister, elle reste relativement peu contraignante ou parfois même inadaptée. Par exemple, la surveillance des pépinières et de leur environnement peut être basée sur la seule observation de symptômes, méthode qui peut présenter, comme on l'a vu précédemment, une faible sensibilité. De plus, l'étendue de l'environnement immédiat des parcelles de pépinières n'est pas définie et reste donc sujette à interprétation par les différentes organisations nationales de la protection des végétaux. La garantie sanitaire associée au PPE peut ainsi différer selon les pays.

La réglementation française

En France, la multiplication de plants de Prunus est soumise à la réglementation européenne mais aussi à la réglementation nationale par le biais de l'arrêté national de lutte contre la sharka du 17 mars 2011 (NOR : AGRG1105295A).

  • La création de parcelles de pépinières doit faire l'objet d'une déclaration préalable obligatoire auprès des Services de la Protection des végétaux (SRAL). Une zone de surveillance renforcée est établie dans les 1000 m autour de la pépinière (2 surveillances par an) et les cas de sharka trouvés entre 200 et 1000 m doivent être immédiatement éliminés. Si des arbres malades sont détectés à moins de 200 m, le passeport phytosanitaire est bloqué pour 3 ans, le temps de s'assurer de l'état sanitaire du matériel présent dans la pépinière et d'assainir la situation dans son environnement. Vous pouvez cliquer sur ce lien pour en savoir plus sur la réglementation.

  • La certification réalisée par le CTIFL en France garantit l'état sanitaire et l'identité variétale des plants fruitiers. Le schéma de certification implique une traçabilité totale du matériel végétal multiplié ainsi que des contrôles réguliers à chaque étape de la multiplication visant à s'assurer de l'absence d'agents pathogènes de dégénérescence (virus, viroïdes et phytoplasmes) transmis par greffage. Ces contrôles consistent en des observations visuelles et des analyses de laboratoire. De par ce processus très strict, les plants certifiés apportent une garantie sanitaire supplémentaire, y compris pour le virus de la sharka.

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