Les liens qui unissent ou opposent les différents acteurs jouent un rôle important dans le processus d'innovation et peuvent aussi expliquer certains blocages. Ces proximités ou clivages sociaux et politiques entre acteurs locaux préexistent largement au processus d'innovation. Ils façonnent la morphologie du dispositif d'innovation que l'on peut ici diviser en deux pôles :
Le STTR[1], le CFR[2] et l'EMBRAPA[3] constituent le pôle moteur du réseau sociotechnique. Le STTR[1] et la CFR[2] sont des organisations paysannes proches pour des raisons historiques. Toutes deux ont été crées dans une même dynamique de lutte pour les droits des petits agriculteurs. De son côté, l'EMBRAPA[3] opère depuis une vingtaine d'années un rapprochement avec l'agriculture familiale. Ses divers travaux sur l'élevage ont bénéficié aux petits agriculteurs et il est à l'origine de la mise en place de parcelles expérimentales sur le terrain du CFR[2]. Les banques, la maire et l'EMATER[4] constitue le pôle résistant du réseau sociotechnique. Les banques et l'EMATER[4] sont très proches pour des raisons fonctionnelles. Ils collaborent étroitement pour le montage des projets de financements. L'EMATER[4] et la mairie sont proches et ont l'habitude de collaborer. L'EMATER[4] assure par exemple la distribution aux agriculteurs de semences mises à disposition par la municipalité. | ![]() Les liens qui unissent ou opposent les différents acteurs jouent un rôle important dans le processus d'innovation (source : commons.wikimedia.org ) | [5] |
Des divergences et des conflits d'intérêts existent depuis longtemps entre la mairie, plutôt centrée sur le milieu urbain, et les organisations paysannes (STTR[1], CFR[2]). Les alliances politiques réalisées par le directeur du CFR[2] lors des élections de 2009, ont renforcé cette rupture. Alors que la RPLB[6] aurait pu, peut-être, être un motif de collaboration entre ces deux institutions, la mairie se distancie de la CFR[2] et tente de la marginaliser en lui retirant des ressources.
L'EMBRAPA[3] et l'EMATER[4] sont deux organisations théoriquement étroitement liées : l'EMBRAPA[3] doit inventer de nouvelles techniques, tandis que l'EMATER[4] est chargée de les diffuser. Cependant, au niveau régional, la collaboration entre eux est assez faible et le transfert de technologie lent. D'autre part, avec la RPLB[6], l'EMBRAPA[3] s'éloigne des priorités de l'EMATER[4] rendant encore plus difficiles les possibilités de collaboration.
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Auteur : Gouthier Axelle
Source : Processus et réseaux d'innovation autour du semis direct dans l'agriculture familiale. Le cas de la « Roça Floagri » à Uruará sur la route Transamazonienne (Pará, Brésil). Villemaine Robin
Superviseurs :Brives Hélène, De Tourdonnet Stéphane, Clerquin Sarah