Mobilisation concrète et située de savoirs en vue d’une construction de connaissances dans l’action et d’un développement de compétences

Résumé :

Description d’un module s’appuyant sur une démarche réflexive d’analyse du travail d’un animateur ou d’un coordinateur.

 

 

DESCRIPTION DE LA SITUATION

Description de l’UE 2 : les étudiants sont invités à choisir deux situations, issues d’une animation de deux heures commandée à un professionnel, qui feront ainsi supports d’analyse. L’enjeu est que les étudiants sortent de la projection de leur subjectivité, de leur jugement (« il a fait bien, mal… »), pour qu’au fur et à mesure les étudiants prennent de la hauteur et analysent pour quelles raisons et comment cette séquence les ont touché(e). C’est une véritable analyse du travail de l’animateur, et non pas une analyse critique de l’activité elle-même, dont la visée est de comprendre ce qui a guidé ses choix, son activité, ce qu’il cherchait à atteindre au départ, ce qu’il a atteint à la fin et surtout comment l’animateur s’y est prit. Prendre du recul et analyser le travail d’animateur représente une entrée tout à fait cohérente pour une formation de coordination de projet.

Pour autant, le support d’analyse a évolué cette année, et n’a donc pas encore été expérimenté à nouveau, après 4 années de recul. L’évolution amorcée amène les étudiants à analyser des activités concrètes d’un coordinateur, ayant été repérées lors de leur stage d’immersion en début d’année. L’avantage de cette modalité réside sur la diversité des activités recensées qui permet de rendre compte d’une mosaïque de représentations du métier de coordinateur pour faire émerger les contours de cette fonction, de ce métier complexe et non encore décrit.

Outils disponibles pour l’analyse :

– vidéo de l’animation vécue,

– commande (prescription),

– réponse à la commande, déroulé (auto-prescription),

– vidéo de l’entretien d’auto-confrontation (animateur et enseignant reprennent certains éléments de l’animation afin d’expliciter le vécu de l’animateur, et le liant entre ses actions et objectifs),

– outils d’analyse et cadres théoriques exposés en cours magistraux,

– apports des interventions de professionnels extérieurs, enseignants de l’UPV de Montpellier.

La situation est posée mi-septembre, et le rendu final (un dossier de 20 pages) est demandé en mi-janvier. La démarche est rythmée par des « bilans intermédiaires » pour faire le point sur l’avancée de chacun, les difficultés rencontrées et réfléchir collectivement sur les moyens pour les dépasser.

Nombre d’étudiants : < 20 élèves.

Trace pédagogique : l’escabeau (contexte, évaluation en mode itératif).

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES 

– favoriser la prise de recul vis-à-vis de sa subjectivité,

favoriser la prise de recul réflexive vis-à-vis d’une situation professionnelle et d’outils d’analyse de pratiques professionnelles,

– maîtriser la construction d’argumentaires objectivés et étayés relatifs à une observation en convoquant/utilisant de façon pertinente les ressources à disposition (outils d’analyse, concepts…),

– identifier et faire émerger de ces argumentaires les enseignements concernant l’activité (ce qui la guide, ce qui l’organise…), et le métier d’animateur / de coordinateur,

– expliciter les évolutions des représentations sur le métier d’animateur / coordinateur induites par cette démarche d’analyse.

RETOUR SUR VOTRE EXPÉRIENCE

Pour quelle(s) raison(s) procédez-vous ainsi ?

– Volonté de dépasser une présentation théorique des outils d’analyse de pratique, peu pertinente d’un point de vue professionnel, tout comme l’exploration théorique de concept, de méthodes ou encore de courants de pensées.

– Volonté de favoriser l’appropriation de compétences : laisser place à la créativité (création, adaptation d’outils etc), surmonter des difficultés… grâce à une démarche réflexive.

– Volonté de favoriser et valoriser une réflexion collective.

Quelle(s) difficulté(s) avez-vous du résoudre avant la mise en place de la situation ?

  • Avant :

– attribuer une note chiffrée qui rende compte de la qualité des travaux rendus, et du développement de compétences,

– trouver un animateur volontaire pour exposer son activité professionnelle à l’analyse.

  • Et pendant :

– des bilans intermédiaires pas assez rythmés,

– des échéances de rendu trop lointaines qui favorisent des stratégies d’évitement.

Dans ce que vous avez mis en place, qu’est-ce qui est satisfaisant ?

– Un dépassement de cadre s’illustrant par la création d’outils pertinents et multi référentiels ;

– Arriver à repérer le déclic dans les yeux des étudiants lorsque, confronté à la difficulté de prendre en compte la complexité des situations, ils arrivent à identifier une brèche, une aspérité dans laquelle s’insinuer, à laquelle se raccrocher ;

– Modalité d’évaluation : la démarche d’évaluation itérative, mettant en valeur la progression des étudiants et le développement de leurs compétences,

– Adaptation au rythme de chacun et disponibilité aux échanges individuels afin de développer leur zone proximale de développement (composée d’une zone où je suis capable de faire seul(e), et d’une zone que j’entrevois au travers de ce que je pourrais faire pour améliorer ma pratique avec l’aide d’un tiers),

– Motivation induite par un travail individuel au service d’une réflexion collective,

– La dévolution voulue par la démarche réflexive favorisant l’accroissement de la zone proximale de développement propre à chacun ,

– Des travaux finaux avec une analyse fine, une prise de recul concrète et une réelle intelligence de la situation.

Reste insatisfaisant ?

– Stratégie d’évitement d’un tiers des élèves ne permettant pas de profiter de l’évaluation en mode itératif, ce qui donne une analyse assez limitée, et peu étayée… Donc des compétences non développées et une forme d’« échec » de la démarche didactique.

– Des difficultés prononcées par certains élèves à s’accommoder de la liberté et de l’autonomie laissées à cette démarche réflexive.

ÉVALUATION PAR LES ÉTUDIANTS

Avez-vous demandé aux étudiants d’évaluer la situation ? Si oui, de quelle(s) manière(s) ? 

En milieu de formation et en fin, le coordinateur invite les étudiants à s’exprimer librement sur les différents modules au travers des points positifs, négatifs et idées éventuelles pour améliorer certains points (sous la forme d’un world café).

Parallèlement, ce sont plutôt par le biais des échanges « off » que je recueille leurs remarques.

Quels en sont les principaux enseignements ?

Points négatifs :

– Démarche source de stress pour les étudiants, car le chemin est flou, l’intérêt n’étant pas de trouver quelque chose mais de chercher.

– Quelques demande de cours formels.

Points positifs :
– Certains soulignent l’évolution de leur réflexion, de leur prise de recul.

– D’autres trouvent ce travail très intéressant,

– D’autres valorisent la liberté de réflexion et de créativité portant la démarche d’analyse.

POUR ÉCHANGER

Sur quel(s) point(s), questionnement(s) aimeriez-vous interpellez vos collègues ?

Comment gérez, accompagner les efforts des étudiants, et/ou des enseignants, sur un temps long ?

Nom : Loïc Braida

Discipline enseignée : Courants et méthodes en EEDD

Dans quelle formation ?  LP CEEDDR