La méthode CLIM, une approche de la coopération favorisant l’engagement de l’apprenant
Résumé :
Présentation de la méthode CLIM, une approche socio-constructiviste centrée sur l’autonomisation, la responsabilisation et l’engagement de l’apprenant.
DESCRIPTION DE LA SITUATION
Méthode CLIM (Cooperative learning into multiculturality), approche développée initialement en Belgique et centrée sur l’autonomisation, la responsabilisation et l’engagement de l’apprenant. C’est une approche socio-constructiviste s’appuyant sur le travail de groupe et les échanges entre pairs. Elle est conçue de façon à éviter les effets pervers que ces derniers sont susceptibles de générer. (effet de leader, effacement de certains membres…). Elle s’appuie sur la construction, et/ou le dérangement des représentations initiales des apprenants vis-à-vis de certains savoirs ou sujets, et la résolution de situations-problèmes.
Elle peut se dérouler sur 1/2 voire 1 journée. Elle est proposée 3 fois en LP CEEDDR en la déclinant de trois façons différentes (en situation de savoir stabilisé, de savoir controversé et en vue de faire créer un CLIM).
- Déroulement :
1) Répartition des groupes : de 4 à 6 personnes, qui vont travailler ensemble sur 1/2 ou 1 journée.
2) Répartition des rôles : utiles et complémentaires, ces rôles favorisent une coopération entre chacun des membres du groupe, et valorisent les responsabilités de tous. Les rôles sont volontairement plus ou moins engageants, plus ou moins difficiles à mettre en œuvre (animer, gérer un conflit, gérer le matériel…), afin de permettre d’impliquer chaque apprenant quelque soit son niveau. Des personnes ayant une faible confiance en eux, parlant difficilement le français par exemple,… auront au départ un rôle « simple », tout en leur laissant le loisir d’observer comment un rôle plus complexe est administré, et ce, avec la perspective d‘avoir à tenir ce rôle lors d’une autre session.
3) Mise en lumière des conceptions des apprenants sur un savoir donné : cette première étape a pour objectif de faire émerger les conceptions initiales des apprenants et de favoriser un premier échange. Il est possible d’utiliser des outils tels que le Q-SORT, (technique de tri qualitatif permettant de récolter les appréciations subjectives et les réflexions personnelles).
4) Analyse de données sur la problématique, le savoir à faire acquérir : est distribué à chaque groupe le même échantillon de textes, vidéos, … qui doit contribuer à fournir des informations complémentaires sur le savoir à faire acquérir. Les ressources proposés doivent permettre de bousculer les représentations initiales des apprenants.
5) Résolution d’une situation-problème : le but de cette étape est de permettre à l’apprenant de remobiliser le savoirs acquis au travers de la résolution d’une situation problème.
6) Les propositions faites par chaque groupe lors de la phase 5 sont présentées en plénière.
7) L’enseignant peut revenir sur les savoirs mobilisés par les apprenants en vue de préciser les concepts clés qu’il considère devoir faire l’objet d’un apprentissage.
8) L’évaluation : l’outil utilisé dans la phase 3 pour mettre en lumière les conceptions initiales peut être proposé à nouveau au apprenants, et permettre ainsi d’observer les acquis en termes d’apprentissage.
Nombre d’étudiants : l’approche CLIM peut être utilisé avec un très grand nombre d’apprenants, avec un minimum de 12 personnes.
Trace pédagogique : clim, fiche de présentation et exemples
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES
(variables selon les situations)
– Apprendre un savoir : tendre vers l’acquisition d’un savoir stabilisé ou controversé, étayer un argumentaire, développer un regard critique sur les médias, les controverses…
– Apprendre à vivre-ensemble : développer des compétences psycho-sociales (empathie, congruence, communication), développer une réflexion sur sa posture…
RETOUR SUR VOTRE EXPÉRIENCE
Pour quelle(s) raison(s) procédez-vous ainsi ?
– donner une responsabilité à un étudiant au travers d’un rôle le conduit à changer généralement de posture (et de prendre un positionnement plus constructif au sein du groupe),
– permettre aux apprenants de conscientiser ce qui s’est joué pour eux (les apprentissages, les difficultés, leurs possibilités d’évolution, d’amélioration…) lors de cette démarche,
– passer d’une approche transmissive à une approche socio-constructiviste, où l’enseignant est l’accompagnateur de l’apprentissage des étudiants.
Quelle(s) difficulté(s) avez-vous du résoudre avant la mise en place de la situation ?
– Résistances rencontrées avec les enseignants : les enseignants sont souvent gênés de ne pas pouvoir prendre connaissance des échanges qui ont lieu au sein des groupes, il peut être critique quand au fait que le processus d’apprentissage socio-constructiviste est plus long qu’une approche transmissive ; il peut être donc nécessaire d’interroger la posture de l’enseignant (transmissif/accompagnateur).
– Difficulté rencontrée par l’enseignant : constituer des groupes hétérogènes, sans avoir une connaissance fine des membres du groupe ; cette hétérogénéité est nécessaire , pour favoriser des débats riches et argumentés.
– Résistances rencontrées avec les apprenants : ne pas constituer les groupes par affinité, ne pas avoir l’impression d’apprendre au travers de l’échange, du débat.
Dans ce que vous avez mis en place, qu’est-ce qui est satisfaisant ?
– Métamorphose de certains élèves dits « difficiles » en s’investissant sérieusement dans le rôle qu’ils ont choisi,
– Création de liens entre les apprenants au sein d’un même groupe, développement d’un plus grand respect, de l’empathie, qui favorisent l’acceptation,
– Une forme de réconciliation avec la science,
– Apprentissage d‘un« vivre-ensemble ».
Reste insatisfaisant ?
– sur 1/2 journée, les gens n’ont pas le temps d’intégrer l’évolution de leurs réflexions, de leurs représentations,
– certains contextes ne sont pas fertiles aux échanges, ex : contextes où les controverses sont trop vives.
ÉVALUATION PAR LES ÉTUDIANTS
Avez-vous demandé aux étudiants d’évaluer la situation ? Si oui, de quelle(s) manière(s) ?
– En milieu et en fin de formation, l’enseignant invite les étudiants à s’exprimer librement sur les différentes étapes de la démarche,(sous la forme d’un world café).
– À l’issue d’un CLIM, des temps de débriefing sont très importants pour ré-interroger la méthode et conscientiser les vécus de l’expérience par les apprenants, leurs apprentissages en termes de savoirs, et de vivre-ensemble, et les possibilités d’évolution par rapport aux difficultés qu’ils ont rencontré.
Quels en sont les principaux enseignements ?
→ Points négatifs : les rôles proposés aux étudiants procurent un sentiment de contrainte dû au cadre à respecter,
→ Points positifs : étonnement d’avoir pu échanger calmement et de manière constructive sur des sujets controversés, remise en cause de certains stéréotypes, éveil et/ou développement de l’esprit critique vis-à-vis d’articles scientifiques.
POUR ÉCHANGER
Sur quel(s) point(s), questionnement(s) aimeriez-vous interpellez vos collègues ?
– Avoir des retours sur les enseignants ayant expérimenté tout ou partie de la méthode CLIM,
– Avoir des espaces pour échanger, analyser certaines pratiques et expérimentations.
Nom : Michel VIDAL
Discipline enseignée : Courants et méthodes en EEDD
Dans quelle formation ? LP CEEDDR