Gérer une crise agro-alimentaire au travers d’un jeu de rôle
Résumé :
Cette situation propose un scénario dont l’objectif est de faire connaître aux étudiants comment ils réagiraient face à une situation de crise agro-alimentaire. Le jeu de rôle est amorcé par une phase théorique (présentation d’outils de gestion, intervention d’un journaliste…), puis les étudiants sont répartis en différentes parties prenantes (entreprise/médias).
DESCRIPTION DE LA SITUATION
Déroulement : (mis en place en 2014)
Ce jeu de rôle se déroule sur 2 jours, dans le cadre du module portant sur le management des risques globaux (option en fin de formation) :
Objectif : faire comprendre aux étudiants l’effervescence qui accompagne la gestion d’une crise agro-alimentaire, lorsque les médias s’emparent du sujet.
Répartition et rôles des étudiants :
– Entreprise : 8 étudiants, qui se répartissent les fonctions principales présentes dans une entreprise (directeur, commercial, responsable qualité, responsable communication…), dont le but est de gérer la situation de crise et les nombreuses sollicitations des parties prenantes en subissant des apports d’informations, et en devant gérer la communication interne et externe tout en traitant les facteurs intrinsèques de la crise.
– Parties prenantes : 8 étudiants (maire, journalistes, banquier, assureur, ambassadeur, directeur de la DIRECCT, représentant de l’agence nationale des aliments…) encadrés par un journaliste professionnel.
– Aucun étudiant n’est positionné en tant qu’observateur.
Pour mener à bien leur positionnement et revendications, chaque étudiant est guidé par une « fiche de rôle » qui détaille ces éléments, ainsi que l’historique de l’entreprise en question.
Déroulement :
1) Phase théorique : acquérir des savoirs
– En amont : cours théoriques
– 1/2 journée : intervention d’un journaliste (attentes journalistiques en situation de crise), et moment interactif avec les étudiants.
2) Phase pratique : mobiliser ces savoirs et développer des compétences
– 1 journée : mise en scène de l’évolution d’une crise agro-alimentaire amplifiée par la multiplication d’événements en chaîne, animée par l’enseignant, pour appréhender les rôles de chacun, collaborer en équipe, tester leur réaction face à cette situation, mobiliser des méthodes, des outils. L’imagination et la spontanéité des étudiants viennent étoffer le scénario initial prévu par l’enseignant.
Durant cette journée, les étudiants ont à leur disposition du matériel informatique et ont accès à Internet. Répartis dans deux salles distinctes, les communications entre l’entreprise et les parties prenantes se font par mail, par téléphone et par communiqués de presse. Ils doivent également organiser des points presse et monter une conférence de presse à la fin de journée.
Le jeu de rôle se termine lors de la conférence de presse finale où l’une des deux parties prend le dessus sur l’autre en terme d’argumentaire. L’enseignant conclue le jeu de rôle en annonçant une dernière information qui dénoue la situation, et clarifie les tenants et aboutissants de chacune des parties.
– 1/2 journée : debriefing, très important pour conscientiser et verbaliser ce qui s’est joué, quels ont étaient les enjeux, quelles ont été les différentes postures et stratégies. Quand cela était pertinent, des extraits vidéos des scènes importantes (filmées par l’enseignant) étaient utilisés comme support d’analyse.
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES
– Acquérir et mobiliser des savoirs, des méthodes, des savoir-faire à travers les mises en situation pour gagner en compétences.
– Maîtriser des outils mobilisables dans le cadre de la gestion des risques globaux.
– Étayer les notions acquises, et tisser du lien entre celles-ci et les mises en pratique.
– Apprendre à dialoguer en équipe, à solliciter diverses compétences.
Nombre d’étudiants en moyenne : 16 étudiants
Production(s) pédagogique(s) : Absent
RETOUR SUR VOTRE EXPÉRIENCE
Pour quelle(s) raison(s) procédez-vous ainsi ?
– Atténuer l’approche transmissive permet de privilégier les échanges et interactions entre étudiants et enseignants. Mais il est important de ne pas négliger cette phase qui conditionne l’efficience de la phase opérationnelle.
– Consacrer davantage de temps à la pédagogie active pour favoriser leurs apprentissages pratiques (maîtrise d’outil etc) et la mobilisation rapide de ce qu’ils auront assimilé en vue d’asseoir ces nouveaux acquis et gagner en assurance. Cela permet également à l’enseignant de repérer les points lacunaires.
– Le jeu de rôle représente une réelle opportunité de développement personnel, où l’on tend vers l’approfondissement d’une connaissance de soi, de ses atouts, de ses limites.
Quelle(s) difficulté(s) avez-vous du résoudre avant la mise en place de la situation ?
– L’objectif est de faire connaître aux étudiants comment ils réagiraient face à une situation de forte incertitude. La pratique pédagogique s’appuie sur la volonté de l’adéquation entre théorie et pratique, et tend vers un allégement de la phase théorique ce qui nécessite de faire des choix.
– Reproduire une situation de crise en salle de cours suppose de s’appuyer sur un scenario robuste dont la conception est exigeant en temps de travail personnel, demande beaucoup d’énergie et nécessite un long temps de préparation pour s’adapter chaque année à la taille et la nature du groupe : étudiants de plusieurs nationalités qui sont l’opportunité de scénariser la crise à une échelle internationale.
– Le soutien et la mobilisation des équipes techniques de l’école est important et conditionne la réussite du jeu de rôle.
– La mise en place d’une situation articulant théorie, pratique et mise en situation se heurte à des difficultés d’ordre financier, et de disponibilité des enseignants, ou encore de temps disponible pour pour préparer les séances etc.
Qu’est-ce qui dans ce que vous avez mis en place est satisfaisant ?
– Vivre le jeu de rôle permet de mobiliser, d’appliquer des compétences, et mémoriser ce qui s’est joué pour soi, pour les autres.
– Les mises en situation permettent d’impliquer les étudiants.
– Certains étudiants se confrontent à leurs « limites » et conscientisent qu’ils ont des leviers concrets à saisir pour les surpasser.
Reste insatisfaisant ?
– Il est nécessaire de changer d’échelle en étalant ce jeu de rôle à un plus grand nombre d’étudiants mais cela nécessite de multiplier les séances, de recourir à plus d’intervenants.
– L’impromptu, car il y a toujours quelque chose d’imprévisible à gérer (matériels dysfonctionnant, absence d’étudiants…).
ÉVALUATION PAR LES ÉTUDIANTS
Avez-vous demandé aux étudiants d’évaluer la situation ? Si oui, de quelle(s) manière(s) ?
Oui, lors d’échanges informels suite à l’exercice, et à l’aide d’un questionnaire reprenant l’ensemble du module où les étudiants sont invités à noter les points forts, les points faibles, et les pistes d’amélioration.
Quels en sont les principaux enseignements ?
→ Point négatif : certaines années des étudiants regrettent d’avoir été mélangés avec d’autres formations car ils ont moins l’impression de progresser, et d’atteindre leurs objectifs.
→ Points positifs : le vécu de ce jeu de rôle reste ancré chez beaucoup d’étudiants, ils le qualifient de captivant, passionnant, très opérationnel, original et se plaisent à s’y impliquer. Ils soulignent les nombreux apprentissages qu’ils ont pu retirer tout en s’amusant. Certains étudiants ayant quittés la formation ont souhaité contacter l’intervenant qui avait participé à ce jeu de rôle.
POUR ÉCHANGER
Sur quel(s) point(s), questionnement(s) aimeriez vous interpellez vos collègues ?
Comment peut-on être aidé(e) pour faire en sorte que des cours magistraux se transforment en des cours «plus faciles à absorber » en intégrant les moyens modernes d’enseignement ?
Faut-il imposer de mixer les formations dans des groupes de travail ?
Nom : Hélène DORCHE
Discipline(s) enseignée(s) : Gestion des risques globaux
Dans quelle(s) formation(s) ? 3ème année agro-manager, agro-alimentaire et industrie, et Mastère spécialisé MAEVA (Management des entreprises du vivant et de l’Agro-Alimentaire).