Les principes de l’évaluation positive et par compétences dans l’auto-évaluation et l’évaluation croisée

Résumé :

Le principe de base de l’évaluation positive repose sur une logique décroissante d’attribution de points. L’intérêt est double : comprendre et expliquer pourquoi l’on ne s’est pas mis la totalité des points et valoriser le travail accompli. Ce travail est conduit par une démarche d’auto-évaluation, et d’évaluation croisée entre pairs et enseignant. Il sert également à amorcer un autre système d’auto-évaluation, celui par compétences acquises.

Modalité(s) mise(s) en place : auto-évaluation, évaluation par les pairs, évaluation collective.

Dans quel cadre : Formation initiale et en alternance

Nature de l’évaluation : Formative (oraux intermédiaires) – Certificative (soutenance)

Nombre d’étudiants : Petit groupe < 20 étudiants

 

DESCRIPTION DE LA SITUATION

Déroulement :

L’auto-évaluation s’ancre dans le cadre du projet tuteuré :

– Oraux intermédiaires (note pas prise en compte pour la note finale) : 3 semaines sont dédiées au projet tuteuré.

1) La présentation de l’avancée de chacun des groupes : à la fin de la première semaine, les étudiants, répartis en deux demi-groupes, sont invités à faire une présentation de leur avancée durant 5 minutes (à l’aide d’un poster qu’ils garderont tout au long de l’année afin de visualiser l’évolution de leur travail) et à poser 3 questions relatives à leur projet.

2) L’auto-évaluation du groupe : se déroule à la fin de leur présentation. Pour ce faire, ils remplissent une grille d’évaluation pour auto-évaluer leur groupe de travail.

Le principe de base conduisant cette démarche repose sur une évaluation positive, soit une logique décroissante d’attribution de points. L’intérêt est double : comprendre et expliquer pourquoi l’on ne s’est pas mis la totalité des points (ex : 1,5 / 2 pts pour la clarté de la présentation car nous avons à plusieurs reprises cherché nos mots) et valoriser le travail accompli.

3) L’évaluation par les pairs : chacun des membres du groupe « auditoire » évalue le groupe présentant son avancée, à l’aide de la même grille d’évaluation et du même principe d’attribution de points (ex : groupe 1 évalue le 2, le 2 évalue le 3…).

4) Le temps de debriefing : pour chaque critère d’évaluation, les retours sont ensuite partagés entre les membres du groupe « présentateur » et « évaluateur » durant 10 minutes de debriefing. Les points de divergence, et/ou les forts écarts, sont alors mis en exergue, et sont discutés par la suite. Cette multiplication de regards permet d’enclencher et d’enrichir une réflexion sur des pistes d’amélioration à suivre au regard de leur présentation orale, et de leurs questionnements. Si toutefois un besoin de soutien réside, l’étudiant, en autonomie, peut se rapprocher d’une personne ressource.

Cette logique d’accompagnement collectif est répétée à la fin de chacune de ces semaines, avec pour simples changements une augmentation du temps de présentation (10 min), et la possibilité d’utiliser une ou deux diapositives.

Soutenance (note prise en compte pour la note finale) : Au terme du projet tuteuré, et après avoir présenté son rapport écrit, le groupe passe une soutenance devant un jury. Lors du temps de concertation du jury, les membres du groupe en font de même afin de s’auto-évaluer au regard de la posture professionnelle adoptée durant la démarche de projet, et la soutenance (note / 10, comptant pour un douzième de la note finale, soit 10/120pts). Moins ancrée dans le principe de l’évaluation positive, cette auto-évaluation porte plus concrètement sur l’acquisition des compétences professionnelles.

Cette pratique de l’auto-évaluation est également instaurée en fin d’UE 6, et en fin de parcours en stage. Chacune de ces notes sont prises en compte pour la note finale.

LES OUTILS D’ÉVALUATION

Utilisation des outils numériques : Non

Utilisation des grilles d’évaluation : Oui, pour l’auto-évaluation et l’évaluation par les pairs.

Pour quel(s) usage(s) : Auto-évaluation, évaluation collective etc.

Composition de l’outil d’évaluation :

Grille d’auto-évaluation et évaluation par les pairs lors des présentations orales intermédiaires (évaluation positive) : elle est composée de 10 critères relatifs à la prestation orale (répartition du temps de parole, clarté, dynamisme…) correspondant chacun à 2 points, ce qui fait une note de 20 points.

Grille de notation lors de la soutenance (évaluation par compétences) : plus complète que la précédente, elle correspond à des critères relatifs à la posture professionnelle (10/120pts), qui est celle donnée au commanditaire (30/120pts). Parmi ces critères certains relèvent de compétences dites transversales, et d’autres s’appuient sur des compétences spécifiques et techniques (issues du portefeuilles de compétences de la LP GENA = fera l’objet d’un prochain entretien). Ils n’évaluent donc pas leur rapport écrit (40/120 pts), ni leur soutenance (40/120 pts), qui sont évalués par les enseignants au vue du caractère universitaire de ces exercices.

Projet envisageable : investir les étudiants dans la co-construction des grilles de notation.

Outil d’évaluation : absent

RETOUR SUR VOTRE EXPÉRIENCE

Pour quelle(s) raison(s) procédez-vous ainsi ? 

– Permettre aux étudiants de porter un regard réflexif sur leur travail, de les amener vers une plus grande connaissance de soi, notamment à travers leurs envies, leurs compétences, leurs capacités, leurs Savoirs…

– Permet de vraiment responsabiliser, de professionnaliser les étudiants, voire les valoriser au travers des éléments positifs.

– Rendre régulières ces pratiques pour faciliter ces exercices d’auto-évaluation / évaluation par les pairs.

– La répartition des étudiants en demi-groupe, ainsi que l’étalement dans le temps de ces oraux intermédiaires, permettent de favoriser la construction d’un climat de confiance.

– Cette évaluation croisée permet de multiplier les regards, d’expliciter la situation, de faire émerger des questionnements, de surpasser certains bloquages, de dessiner des pistes d’amélioration et de solliciter divers compétences.

– Permet d’analyser la concordance, ou non, de la note attribuée par l’élève avec celle attribuée par le commanditaire.

– Prendre en compte les critères et remarques concernant la posture professionnelle permet d’analyser le décalage, ou pas, entre les exigences de l’école et celles de l’entreprise.

Quelle(s) difficulté(s) avez-vous du résoudre avant la mise en place de la situation ? 

– Il faut éviter de démultiplier les outils d’auto-évaluation afin de ne pas perdre les étudiants.

– Apaiser « la course à la moyenne » induite par l’évaluation en associant « évaluation et évolution », ou encore « évaluation et outil d’analyse de soi ».

– Placer le curseur de l’encadrement entre la proposition de soutien par l’enseignant et la demande de soutien par l’étudiant, pour ne pas briser son autonomie.

Qu’est-ce qui dans ce que vous avez mis en place est satisfaisant ? 

– Le respect du cadre de bienveillance et de l’objectivité qui favorisent la liberté de parole (expression d’une reconnaissance, d’un malaise, de questionnements…) au sein de l’équipe tuteurée et du demi-groupe.

– Les étudiants sont attentifs et en écoute active.

– La franchise et la clarté des évaluations.

– De manière générale, il y a une bonne implication des étudiants dans le renseignement des grilles d’auto-évaluation qui sont souvent cohérentes avec la réalité.

Reste insatisfaisant ? 

– Certains étudiants se sont emparés du concept de l’évaluation positive en ne s’attribuant que des notes excellentes, éloignées de la réalité. Cela peut être expliqué par la volonté du groupe de ne pas pénaliser certains de leurs membres dont les résultats d’UE étaient fragiles, car à l’inverse, lorsque l’auto-évaluation porte exclusivement sur soi, les notes attribuées paraissent plus honnêtes.

– Sortis du cadre de l’évaluation formative, les étudiants ont tendance à s’attribuer une note élevée et peu cohérente avec la réalité.

ÉVALUATION PAR LES ÉTUDIANTS

Avez-vous demandé aux étudiants d’évaluer la situation ? Si oui, de quelle(s) manière(s) ? 

Oui, lors d’un bilan oral et écrit à mi-parcours, et à la fin de la formation, mais ce n’est pas ciblée sur l’auto-évaluation. Il se fait sous la forme d’un world café : plusieurs îlots correspondant chacun à une UE accueille toutes les 20 minutes un groupe d’étudiant, dont un est chargé de recueillir sur un poster toutes les remarques émises. Un temps de restitution et de dialogue est prévu à la fin des roulements. L’avantage est que les remarques sont anonymisées ce qui favorise la liberté d’expression. Pour compléter cette évaluation par les étudiants, un questionnaire anonyme reprenant l’ensemble de la formation (UE, interventions, activités, expression libre…) est proposé aux étudiants en fin de parcours, ce qui permet de faire émerger plus de remarques que précédemment. Pour les analyser, un tableau est utilisé avec un code couleur pour rendre compte du degré de satisfaction des étudiants.

Quels en sont les principaux enseignements ?

Points négatifs : absents

Points positifs : les oraux intermédiaires représentent une réelle opportunité pour évoluer, ne sont pas trop source de stress, très satisfaits de pouvoir échanger avec les autres en petits groupes bienveillants.

POUR ÉCHANGER

Sur quel(s) point(s), questionnement(s) aimeriez vous interpellez vos collègues ?

Comment l’évaluation peut être amenée comme étant évolutive et constructive ? Comment faire pour lutter, quel message faudrait-il passer aux étudiants, pour prévenir une vraie mésestime ? À l’inverse, comment appréhender un étudiant dont on a l’impression qu’il a trop confiance dans des compétences qu’il n’a visiblement pas ? Comment rétablir l’équilibre entre être évalué(e) et évaluer ? Comment la dynamique de groupe peut soit encourager l’expression des compétences personnelles, ou soit, au contraire, les taire ? Comment sortir des schèmes répétitifs des effets du leadership ?

Est-ce qu’il faut aller plus loin que la grille d’évaluation en rencontrant systématiquement les étudiants pour un debriefing oral ? Faut-il le laisser au choix, l’imposer ?

Nom : Lise Kosmala (associée à Claire Herrgott, Aurélie Javelle, Iris Bumb, Roger Brouet, Marie-Claire Chardes, Nathalie Bletterie)

Discipline(s) enseignée(s) : Agronomie, Environnement, Territoire

Dans quelle(s) formation(s) ? LP GENA (Gestion des Espaces Naturels Ruraux)