Un exemple de classe renversée

Résumé :

Voici un exemple de pédagogie active, la classe renversée, vécue dans le module « Agriculture de Précision » (AgroTic). Elle s’organise en deux temps : la phase d’appropriation et la phase de conception (livrable à réaliser). Cette introduction à la formation vise à se rapprocher des conditions vécues en entreprise, et à favoriser la mutualisation des compétences d’un groupe d’apprenants hétérogène (vidéo disponible). Ce cadre professionnalisant est également illustré par un système d’évaluation basé sur des appréciations, et des niveaux d’acquisition de compétences.

DESCRIPTION DE LA SITUATION

Déroulement :

S’ancre dans le module « Agriculture de Précision » (module introductif) des AgroTic qui se déroule lors de la première semaine de formation (durée : 3 jours).

PHASE 1 : L’appropriation des différents thèmes liés à l’agriculture de précision

Étape 1 (durée : 30 min) : Par groupe de 4 à 5 (constitués par l’équipe pédagogique pour mixer les alternants avec les formations initiales), les étudiants partagent leurs représentations de l’agriculture de précision autour d’une liste d’affirmations (outil : Qsort Agriculture de précision par Thomas Crestey).

Étape 2 (durée 2 heures) : À partir des ressources pédagogiques (ex : bulletin de veille) chaque étudiant se forme sur un thème de l’agriculture de précision (pendant 30 min). Chaque groupe est ainsi constitué d’un spécialiste de chaque thématique. Ensuite, les étudiants d’une même thématique échangent et consolident une vision commune.

Étape 3 (durée : 45 min) : Les étudiants rejoignent leur groupe respectif et expliquent chacun leur tour les enjeux de la thématique étudiée.

Étape 4 : Présentation du livrable à réaliser (concevoir une formation de 2 jours sur l’agriculture de précision à destination de techniciens viticoles, et qui se déroulera au Domaine du Chapitre).

La phase d’appropriation permet d’aiguiller les étudiants sur les éléments clés à intégrer dans la phase de production et rends les étudiants acteurs de ce processus.

PHASE 2 : La conception du contenu de la formation (durée totale : 2 jours)

Étape 1 : Par groupe respectif, les étudiants élaborent un déroulé de formation. Pour ce faire, ils utilisent la méthode des Post-it pour pouvoir déplacer à souhait les différentes propositions avec la consigne de n’enlever aucun Post-it. Pour stimuler leur créativité, un roulement se met en place toutes les 20 minutes pour que les étudiants changent de support et poursuivent le plan élaboré par le groupe précédent. Ce roulement permet de croiser les regards, et éviter la notion de sentiment d’appartenance pour favoriser l’objectivité lors du choix de l’ébauche qui sera consolidée pour le plan commun.

Étape 2 : Chaque groupe présente le dernier plan sur lequel il a travaillé. Puis, les étudiants consolident un plan commun choisi parmi les premières ébauches.

Étape 3 : Après s’être répartis les différentes parties de la formation, les étudiants élaborent leur contenu. Cette étape est rythmée par des stand-up meeting intermédiaires (de 3 à 4 min) menés toutes les deux heures pour présenter l’avancée de chaque groupe, des contenus théoriques/pratiques mis en œuvre. Cela permet de prendre de la hauteur et de s’insérer dans un projet global, en s’assurant que les différentes parties soient cadrées et que l’ensemble du déroulé de formation soit cohérent.

Étape 4 (durée 1 journée) : Restitution de leur travail sous forme d’atelier d’échanges réunissant un représentant de chacun des groupes ayant traité des parties différentes du déroulé de formation. Chaque étudiant présente le travail de son groupe, soit le livrable réalisé sous la forme de posters, sur lequel ils s’appuient pour former leurs camarades. Un enseignant est présent par groupe de restitution.

Posture des enseignants :

Durant ces étapes, les enseignants sont garants du respect du cadre, formalisent et/ou complètent les apports, s’assurent que les concepts soient compris par les étudiants, répondent aux éventuelles questions et accompagnent les apprenants dans la prise de décision (ex : faisabilité).

Le système d’évaluation :

L’évaluation des apprenants AgroTic porte sur une démarche professionnalisante, basée sur le respect de 4 critères : respect du cadre (emploi du temps…), la vie de groupe (implication individuelle pour le collectif), respect de sa mission (implication dans sa formation), la technicité (savoirs-faire). Les étudiants sont tenus d’effectuer un entretien à chaque fin de trimestre. Aucune note de module n’est attribuée, mais les appréciations des enseignants sont reportées sur une grille d’évaluation, permettant de les traduire en notes pour pouvoir répondre aux obligations d’obtention de diplôme.

Nombre d’étudiants : petit groupe < 20 étudiants (alternance de 16 mois avec des étudiants en fin de formation + alternants de l’année qui débute + étudiants en formation initiale)

Production(s) pédagogique(s) : absent

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES

– Former les étudiants aux outils et méthodes de l’agriculture de précision.

– Mobiliser leurs acquis, et intégrer les concepts principaux.

– Les sensibiliser aux nouveautés TIC.

– Favoriser le travail en équipe.

RETOUR SUR VOTRE EXPÉRIENCE

Pour quelle(s) raison(s) procédez-vous ainsi ? 

– Proposer un cadre professionnalisant, se rapprochant des conditions vécues en entreprise.

– Introduire la formation en apportant une culture générale concernant l’agriculture de précision.

– Exploiter les bulletins de veille rédigés par l’équipe pédagogique dans le cadre de prestations extérieures.

– Souder la promotion, casser les clivages, travailler en équipe, notamment par la méthode des stand-up meeting qui met en exergue l’importance de la communication dans un travail collectif de gestion de projet.

– Bénéficier des expériences de chacun, notamment les alternants, pour enrichir les réflexions communes et mutualiser les compétences.

Quelle(s) difficulté(s) avez-vous du résoudre avant la mise en place de la situation ? 

– Ré-organiser le module au travers de cette démarche de classe renversée.

– Faire en sorte que 4 enseignants soient disponibles pour le temps de restitution.

Qu’est-ce qui dans ce que vous avez mis en place est satisfaisant ? 

– Permet de briser la glace entre les étudiants et enseignants qui viennent de se découvrir, tout en cassant la relation étudiant-enseignant et tendre vers des rapports plus professionnels.

– Une modalité très constructive pour les étudiants avec un vrai travail d’équipe qui évolue dans un climat de confiance et une ambiance de travail agréable et dynamique.

– Chacun s’exprime et semble trouver sa place dans le groupe.

– Les étudiants s’approprient plus facilement les apports pédagogiques et techniques.

– Le position du formateur est intéressante car elle sort du transfert de connaissances.

Reste insatisfaisant ? Aucun.

ÉVALUATION PAR LES ÉTUDIANTS

Avez-vous évalué la situation, ses modalités, avec les étudiants ? Si oui, de quelle(s) manière(s) ? 

Les remarques des étudiants ont été recueillies via des interviews individuels et un debriefing en classe entière.

Quels en sont les principaux enseignements ? 

Points négatifs : une pédagogie au début déstabilisante pour les étudiants très scolaires, mais qui finissent par s’adapter rapidement.

Points positifs : tous se sont sentis acteurs de leur processus d’apprentissage, ont été très concentrés pendant ces 3 jours. Certains ont estimé avoir plus appris qu’en cours en présentiel, notamment grâce à leur investissement, et les échanges et débats qu’ils ont vécu. Ils ont également apprécié la formation par les pairs, où les étudiants s’expliquent entre eux et avec leurs propres mots ce qu’ils ont compris, ce qui leur permettait également de se rendre compte des points lacunaires. Cette modalité facilitait aussi les échanges, les questionnements, car ils se sentaient plus à l’aise. La présence des formateurs étaient tout de même importante à leurs yeux pour pouvoir rectifier des erreurs et/ou apporter des compléments.

POUR ÉCHANGER

Sur quel(s) point(s), questionnement(s) aimeriez vous interpellez vos collègues ? 

Comment formaliser des modèles « innovants » pour pouvoir les rééditer, les adapter dans d’autres cadres (ex : formation continue) ? Quelles modalités de diffusion devons-nous saisir ?

Nom : Thomas Crestey (témoignage), associé à Léo Pichon et Bruno Tisseyre

Dans quelle(s) formation(s) ? AgroTic